« Où la lumière s’effondre », de Guillaume Sire : Un Beigbeder technophile
Dans un roman bien rythmé, Guillaume Sire développe un complot visant à détruire internet de l’intérieur. L’ensemble est de bonne facture, même s’il frise parfois la caricature. Mais, à l’heure où internet est déjà un objet de fiction bien ancré, le livre aurait pu aller plus loin.
[rating=3]
Cynisme porté à son dernier degré, mépris de classe, culture étalée plus que de la confiture, style direct et vocabulaire cru… Le désespoir métaphysique et l’ironie en moins, Robin Valéry, le personnage principal, ressemble comme deux gouttes d’eau à Octave Parrango, le héros de « 99 Francs » de Frédéric Beigbeder. Comme dans ce dernier roman, il est question de détruire le système de l’intérieur, mais cette fois-ci en ourdissant un complot visant à détruire internet.
L’intrigue tient bien, le côté « technique » semble maîtrisé (pour peu qu’on puisse en juger) et distillé à bonne dose. C’est roman est rythmé et assez agréable à lire. Les personnages et les dialogues sont parfois à la limite de la caricature mais il est tout à fait probable que l’on rencontre de tels archétypes dans la Silicon Valley.
On peut reprocher au livre, cependant, de ne pas aller assez loin.
Au niveau de la fiction, il souffre de la comparaison avec d’excellents films ou séries s’étant emparées de pitchs assez comparables (voir l’époustouflant « Mr Robot » par exemple). Sur le plan littéraire, les turpitudes et les combats internes des personnages auraient pu être creusées plus encore, les lignes de codes mieux intégrées au récit afin de nous plonger vraiment dans l’univers de cette caste de milliardaires technophiles.
Guillaume Sire, Où la Lumière s’effondre, Editions Plon, Août 2016, 211 pages, 18€
© visuel: couverture du livre