
Mudwoman : Joyce Carol Oates dresse un portrait de femme forte sur le mode du thriller
L’auteure prolifique de “Blonde” et des “Chutes” propose cet automne chez Philippe Rey un roman sorti en 2012 aux États-Unis. Portrait d’une femme de pouvoir, “Mudwoman” avance sous forme de thriller ultra-efficace sur les traces du passé de l’héroïne. En librairies le 3 octobre 2013.
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Première femme à prendre la tête d’une grande université américaine du New-Jersey, à la veille de la deuxième guerre d’Irak, “M.R.” Neukirchen (elle s’appelle Meredith ou “Merry” pour les intimes) paye cher son succès professionnel : souriante, professionnelle, bonne historienne de la philosophie, elle n’est pas tout à fait jolie et doit se contenter en guise de vie amoureuse d’une liaison de 20 ans avec un professeur d’astronomie évanescent. La surcharge de travail et de faux-semblants sociaux que représente la direction de l’université, le suicide d’un véhément étudiant ultra-conservateur et le retour dans les terres de son enfance font remonter tout un passé qui place la femme de fer aux bords de la folie : retrouvée dans la boue après avoir été maltraitée par une mère folle, “Mudwoman” a été sauvée in extremis et placée dans une famille d’accueil… où elle avait aussi un rôle à jouer.
Grande maîtresse du flash-back, fine analyste de son personnage féminin et capable de ménager un suspense tout à fait prenant, Joyce Carol Oates ne sombre jamais dans le misérabilisme et conserve à tous ses personnages, même les plus médiocres une gangue anthropologiquement optimiste de fierté. Évoquant en passant mais brillamment, les querelles de chapelles quand on arrive au sommet du pouvoir à Princeton, notamment à la veille de la guerre irakienne de 2003, Joyce Carol Oates offre un livre très abouti, en replaçant son héroïne dans un contexte politique plus large. 600 pages qui ne se lâchent pas.
Joyce Carol Oates, “Mudwoman”, trad. Claude Seban, Philippe Rey,576 p. En librairies le 3 octobre 2013.