
“Matière noire”, l’écrivain israélien Dror Burstein remonte le fil de l’intimité
Après Proche, un nouveau roman de l’écrivain israélien paraît ce printemps chez Acte Sud. Poétique, référencé, intime par petite touches, Matière noire pose des questions essentielles, en remontant le fil d’incompréhension d’un drame.
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Alors qu’il a déménagé à Jérusalem pour s’éloigner, Ouri Ullman, un érudit et professeur de littérature d’une quarantaine d’années, fait la démarche d’aller voir son père pour l’interroger sur ce qui s’est passé, un an plus tôt, alors que sa sœur Dorit était venue le voir et qu’elle a mis fin à ses jours. Ouri n’a jamais su ce qu’il s’est passé réellement car il était lui-même à l’hôpital, dans l’attente du don d’un rein, qui est arrivé et lui a sauvé la vie.
Remontant le fil du temps avec poésie, intimité, et parfois même légèreté et humour malgré le contexte dramatique dans lequel il situe l’intrigue, Dror Burstein n’hésite pas à utiliser de bons vieux procédés trop souvent laissés au placard : la métaphore et l’ellipse, pour rendre vie à une femme qui a mis brusquement fin à ses jours. A travers de nombreuses références à la tradition littéraire israélienne (on commence le livre sous l’égide de Bialik) et une manière précise et sensible de situer les liens entre le frère et la sœur dans un universel, l’auteur touche juste et universellement. Avec cette spécificité toutefois qui a trait au caractère nécessairement organique des greffes : L’éclatement n’est qu’une apparence et la famille que Dror Burstein décrit fonctionne comme un corps où chaque membre a son rôle à jouer. Un texte magnifiquement traduit par Rosie Pinhas-Delpuech.
Dror Burstein, Matière noire, trad. Rosie Pinhas-Delpuech, Actes Sud, 224 p. 21 euros. Sortie en mars 2014.
“Il ouvrit les yeux à quatre heures et demie du matin et ne sut pas où il se trouvait. A sa droite, un appareil affichait des chiffres et des canules y étaient rattachées. Il regarda son corps comme un paysage inconnu, un désert à l’extrémité duquel se dressait au loin la ligne de crête de ses pieds.” p. 167.
visuel : couverture du livre © Daria Pitak.
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Dellacqua Jacob
Bonjour,
Vous venez de publier en France un livre du titre “Matiére Noire”.Or ce titre est celui d’un roman que j’ai terminé en 2012 et que j’ai déposé chez Maître Regnier notaire a Paris.
Votre publication lese mes interets, d’autant plus que la maison d’édition ne pouvait ignorer que le titre était pris, ayant soumis mon roman “Matière Noire” au comité de lecture des éditions ‘Actes Sud. J’attend de vos nouvelles.
Jacob Dellacqua