
« L’oubli » de Frederika Amalia Finkelstein
Alors où même google nous accorde un formulaire de droit à l’oubli, la jeune Frederika Amalia Finkelstein surfe sur une vague porteuse quand elle demande, en tant que juive née deux générations après la Shoah, le droit de ne pas avoir à porter quelque chose de trop lourd. Un premier roman en lice pour la rentrée littéraire 2014.
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Post-ado cultivée mais de son temps (elle ne boit que du coca, adule les Daft Punk, est née avec un clavier sous les doigts et a un sympathique côté geek), Alma, la narratrice a un certain mal de vivre. Les noms, les chiffres de l’extermination des juifs d’Europe l’obsèdent. Et pourtant, elle voudrait dépasser l’obscène. Alors elle fait pire : elle ment quand elle dit que son grand-père est mort déporté, elle essaie de ne plus penser à la Shoah et elle revendique le droit à l’oubli. Tout de même, quand elle croise la petite-fille dEichmann, qui elle dort tranquillement la nuit et ne se souvient de rien, elle se choque, se braque.
Elle voudrait n’avoir que le choix entre Bach et l’electro et ses livres d’étudiante littéraire comme souci, mais on sent bien que même si oubli il y a avait, l’angoisse elle, tiendrait lieu de pense-bête. Un roman un peu enragé, très écrit et légèrement décalé, qui pourra choquer certaines âmes sensibles. Et un livre qui joue la carte d’une provocation adolescente. Et qui, plus qu’une trahison ou une requête déloyale, est un hymne à la vie et à un futur dégagé du plomb macabre où il a été enseveli.
Frederika Amalia Finkelstein, L’oubli, L’arpenteur, 176 p;, 6.90 euros. Sortie le 28 août 2014. “Je pense qu’aujourd’hui Hitler est un mythe au même titre que Jésus-Christ est un mythe et que Michael Jackson est un mythe: nous ne pouvons pas oublier ces noms parce qu’ils sont ancrés dans notre mémoire. Les 14 000 000 d’êtres humains exterminés entre 1933 et 1945 ne sont pas des mythes : nous ne connaissons pas leurs noms. ils sont poussière, ils sont chiffres. Que cela soit juste ou pas, là n’est pas la question. la morale est comme le fait de gagner : elle est une illusion” p. 81
visuel : couverture du livre
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