Fictions
Les nouvelles du New Yorker : les perles incisives d’Ann Beattie

Les nouvelles du New Yorker : les perles incisives d’Ann Beattie

24 April 2013 | PAR Yaël Hirsch

Ann Beattie est pour les connaisseurs un maître de la nouvelle au niveau de Raymond Carver ou John Cheever. Editée par John Updique, enseignant actuellement le “creative writing” à l’université de Virginie, elle s’est fait connaître dès les années 1970 où elle a commencé à écrire pour le prestigieux New-Yorker. Les éditions Christian Bourgois publier un recueil de textes réunis en vo en 2010 et qui donnent un bon aperçu de l’art de celle qui a donné naissance à un adjectif “beattiesque”. En libraires depuis le 4 avril 2013.

ann beattie nouvelles du new yorkerQu’il s’agisse de croquer une jeune fille un peu nunuche et obsédée par son poids mais tout de même femme fatale, la culpabilité déménageante d’un homme marié trompant sa femme avec une maîtresse-traiteur, la douleur d’un mannequin pour les mains qui est entrain de perdre son meilleur ami du sida, ou un deuil vraiment personnel, dans chacun de ses textes, Ann Beattie croque avec la vitesse d’un designer de mode et avec la profondeur d’un sociologue une tranche de l’Amérique qu’elle côtoie.

Originales, décalées et saisissantes, ses nouvelles se lisent très vite. A moins qu’on ne rate un virage -et chez elle ils peuvent être abrupt- et qu’on soit obligé de lire et relire encore pour bien s’imprégner des tenants et des aboutissants. A chaque fois, l’art est en même temps fugitif et total d’une beauté instantanée qui laisse une longue trainée parfumée d’air du temps. Une quinzaine de grands textes, où l’auteure semble toujours se renouveler.

Ann Beattie, Nouvelles du New Yorker, trad. Anne Rabinovitch, Christian Bourgois, 312 p., 20 euros. Sortie le 7 avril 2013.

L’homme me regarda. J’étais surprise moi aussi; ça ne ressemblait pas à Ned d’aborder ce sujet avec des inconnus. Les circonstances nous avaient rapprochés tous les deux: le destin avait précipité notre improbable amitié. Ni l’un ni l’autre nous ne pouvions envisager notre vie sans Richard. Richard se confiait à très peu de gens mais quand il le faisait, iol s’appliquait à se rendre indispensable.” p. 265.

Michelangelo Pistoletto : le paradis se réinvente au Louvre
Thierry Colson : pop-up !
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration