
Jean-Michel Guenassia : « Trompe-la-mort », mais pas l’amour
Jean-Michel Guenassia, auteur -entre autres- de l’excellent « Club des incorrigibles optimistes » propose ici un livre qui nous fait voyager de l’Inde à l’Angleterre en passant par l’Afghanistan dans la peau d’un héros casse-cou, mais guidé par l’amour.
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Les premières années de Tom Larch ressemblent à un jardin d’Eden : à l’aise dans le monde coloré de New Dehli, baignant dans l’amour de ses parents et de sa nounou. La sortie de cet âge d’or se fait par l’arrachement à sa terre natale, quand la famille déménage à Londres.
Les premiers temps, Tom a l’impression de pouvoir recréer son cocon indien à plus petite échelle dans la capitale anglaise. Mais cette illusion est de courte durée et une violente déchirure achève de le sortir de l’enfance.
Dès ses dix-huit ans, il convertit sa rage en détermination en s’engageant dans l’armée. Aidé par un corps minutieusement sculpté et un sentiment d’immortalité qui ne l’a pas quitté, il aura tôt fait de devenir un héros malgré lui.
Il y a du Forest Gump chez celui que l’on appelle désormais « Trompe-la-mort » : il semble avoir à la fois un perpétuel coup de retard sur sa propre vie et une baraka à toute épreuve (sans laquelle il n’aurait pas survécu plus de vingt pages).
Agrémenté de savantes doses d’action et d’amour, le récit est déroulé avec fluidité. Il nous immerge à la première personne dans le corps à toute épreuve de Tom Larch et nous incite à foncer à travers les pages pour suivre le personnage.
Ainsi le lecteur, trop occupé à courir après « Trompe-la-mort », voit à peine les évidences déposées par l’auteur comme autant d’éléphants dans un couloir. Guenassia parvient à nous faire revêtir les mêmes œillères que Tom Larch pour nous conduire à être, comme lui, continuellement surpris par l’évidence.
Délicieuse duperie que celle-ci.
Jean-Michel Guenassia, Trompe-la-mort, Albin Michel, Janvier 2015, 22€.
© visuel: couverture du livre.
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