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[Interview] Eric Mouchet : “Une galerie spacieuse pour œuvres percutantes”

[Interview] Eric Mouchet : “Une galerie spacieuse pour œuvres percutantes”

15 February 2015 | PAR Christophe Dard

Depuis octobre dernier, la galerie Eric Mouchet a ouvert ses portes à Paris, rue Jacob, au cœur du quartier nonchalant et distingué de Saint-Germain-des-Prés. Ambitieuse et innovante, cette galerie propose de découvrir de jeunes artistes contemporains mais scrupuleux de recherches artistiques afin de proposer des œuvres originales et audacieuses.
Toute la Culture a rencontré son fondateur et animateur, Eric Mouchet, également expert en arts graphiques près la Cour d’Appel de Paris et spécialiste de l’œuvre graphique et picturale de Le Corbusier.

 

Les promeneurs passionnés et les amateurs d’art connaissent sans doute le quartier de Saint-Germain-des-Prés pour ses cafés, ses petites rues charmantes et ses galeries. L’une d’elles a ouvert ses portes il y a quelques mois, à l’automne dernier. Pour autant, la Galerie Eric Mouchet n’a rien de comparable aux autres galeries du quartier. Dans un décor spacieux et moderne, Eric Mouchet propose de découvrir des artistes contemporains passionnés, soucieux de nous emmener dans des aventures artistiques innovantes comme cela est d’ailleurs le cas actuellement avec la première exposition du collectif Born And Die.
Rencontre avec Eric Mouchet, le fondateur et animateur de cette galerie.

 

Eric Mouchet, pourquoi avoir choisi cet endroit comme emplacement pour votre galerie, là même où se trouvait d’ailleurs une galerie auparavant?
Eric Mouchet : Je voulais m’installer dans Saint-Germain-des-Prés, mais le choix de ce lieu est en partie dû à la chance. J’ai d’abord pensé trouver dans la rue de Seine que je connais bien. Mais, par hasard, j’ai fait la connaissance d’un homme qui avait une galerie ici, au 45 rue Jacob, qui vendait de l’art oriental, des tissus, des bijoux indiens depuis 30 ans et qui désirait prendre sa retraite. L’espace est plus beau et plus grand que ce que je pensais trouver rue de Seine. Les négociations ont duré 6 mois, c’est long, mais l’affaire s’est faite. J’ai signé fin mars 2014 pour ouvrir le 18 octobre dernier une galerie consacrée à l’art contemporain. J’ai fait d’importants travaux. Il n’y en avait pas eu depuis 40 ans. L’espace est le plus ouvert possible. L’accent a été mis sur des moyens d’éclairage variés, complémentaires et de grande qualité.

 

Vous êtes expert en arts graphiques près la Cour d’Appel de Paris et spécialiste de l’œuvre graphique et picturale de Le Corbusier. Cela a-t-il une influence sur vos choix d’exposition ?
Eric Mouchet : Non. Cette galerie est consacrée à l’art contemporain. Je vais organiser une exposition moderne par an et participer à des événements de quartier mais Le Corbusier ne sera pas à l’honneur. Exceptionnellement, en mai cette année, j’organise une exposition consacrée à Le Corbusier en association avec Michel Zlotowski (directeur de la galerie Zlotowski située rue de Seine) car le centre Pompidou en présente une à l’occasion du cinquantenaire de la disparition de l’artiste. Mais ces murs voient passer par ailleurs au moins six expositions contemporaines par an.

 

Petite parenthèse… Pourquoi avoir choisi cette spécialisation de l’oeuvre picturale de Le Corbusier ?
Eric Mouchet : Après des études d’architecture, j’ai commencé à travailler dans l’industrie mais j’ai continué à faire des recherches universitaires. Je voulais faire une thèse en histoire de l’art et un catalogue raisonné et je me suis rendu compte que sur la peinture de Le Corbusier, il y avait peu de choses. Son œuvre picturale est pourtant très importante. Le Corbusier, entre 1920 et sa mort, a consacré chaque jour, et durant toute sa vie, une demi-journée à la peinture, à l’écriture et au dessin. C’est dans la peinture que Le Corbusier a laissé s’exprimer toute sa liberté créative.

 

Parlons des expositions précédentes depuis l’ouverture de la galerie en octobre. La première, inaugurale, s’intéressait à l’œuvre du photographe suisse Matthieu Gafsou…
Eric Mouchet : Matthieu Gafsou fait partie des artistes que j’ai connu récemment et que j’ai envie de faire découvrir aux amateurs parisiens. C’est indirectement grâce à Le Corbusier que j’ai découvert son travail, et que je l’ai rencontré ; un heureux hasard puisque Matthieu, qui travaille à Lausanne, a réalisé un très beau reportage photographique sur la ville de La Chaux-de-Fonds, la ville natale de Le Corbusier. J’ai vu le travail de Matthieu Gafsou en automne-hiver 2012, exposé au musée de La Chaux-de-Fonds. Son travail est tout à fait personnel et passionnant : de belles images très construites et pleines de mystère, sur des quartiers de la ville qui, a priori, ne présentent aucun intérêt. Quand j’étais sûr que la galerie ouvrirait, j’ai appelé Matthieu. Il a accepté d’en essuyer les plâtres. J’ai choisi cette série de la Chaux-de-Fonds comme un clin d’œil à mon autre spécialité. Mais Matthieu fait partie des quelques artistes que j’aimerais exposer ici de manière récurrente.

 

"La Chaux de Fonds", (série), ©Matthieu Gafsou
“La Chaux-de-Fonds”, (série),
© Matthieu Gafsou

 

Ensuite il y a eu le travail de Guy Oberson et dernièrement d’Alexander Gorlizki ?
Eric Mouchet : Guy Oberson réalise un travail à l’huile très pictural selon une discipline classique. Il affectionne également la pierre noire qu’il trouve en Italie. Il fait de beaux paysages à la pierre noire et la nature l’inspire beaucoup. Je l’ai exposé à l’occasion de la signature d’un livre qu’il venait d’éditer chez Actes Sud sur ses dernières réalisations, avec des textes de lui et de sa compagne Nancy Houston. Quant à Alexander Gorlizki c’est un artiste que je collectionne depuis plusieurs années. Mais pour l’exposition, j’ai montré des œuvres récentes. Gorlizki réalise ses œuvres à quatre mains, avec un miniaturiste de Jaipur en Inde- Riyaz Uddin. Alexander y met son imaginaire occidental fantasque et Riyaz sa science ancestrale de la miniature. Cette synthèse culturelle en miniature aboutit à des trésors de finesse, de drôlerie et de poésie.

 

Alexander Gorlizki, "We Are One", du 11 décembre 2014 au 24 janvier 2015, Galerie Eric Mouchet, Paris ©Galerie Eric Mouchet
Alexander Gorlizki, “We Are One”,
du 11 décembre 2014 au 24 janvier 2015,
Galerie Eric Mouchet, Paris
© Galerie Eric Mouchet

 

Et puis actuellement il y a la première exposition du collectif Born And Die, Born And Die #00 – Chantier{s}, qui a commencé le 7 février et se poursuit jusqu’au 7 mars ?
Eric Mouchet : Le collectif Born And Die, c’est une carte blanche à deux jeunes curateurs : Léo Marin– mon collaborateur – qui a créé avec une amie ce collectif – BAD – afin de montrer et promouvoir les artistes de leur génération. Leo avait déjà entrepris ce projet quand je l’ai embauché. J’ai eu plaisir à leur procurer l’espace, afin de non seulement montrer leur coffret – un très beau travail – mais aussi d’exposer quelques œuvres uniques des artistes qu’ils ont sélectionnés. Léo et moi avons une génération de différences, et à ce titre, nos rôles au sein de la galerie sont très complémentaires, notamment dans la sélection des artistes que nous soutiendrons dans l’avenir car je souhaite occasionnellement montrer des œuvres qui « déménagent » un peu. Born And Die n’en est qu’à sa première réalisation, mais a le projet de nouvelles éditions. Celle-ci s’intitule Born And Die #00 – Chantier{s}. L’idée est d’en faire quelque chose de permanent.

 

Born And Die #00 — Chantier{s}, du 7 février au 7 mars 2015,  Galerie Eric Mouchet, Paris  ©Rebecca Fanuele
Born And Die #00 — Chantier{s},
du 7 février au 7 mars 2015,
Galerie Eric Mouchet, Paris
© Rebecca Fanuele

 

Léo Marin : Il est important de préciser que cette exposition est le fruit de deux ans de travail. Nous ne voulions pas (en montant ce collectif avec ma collaboratrice Aurélie Faure) faire la promotion du travail de jeunes artistes contemporains, qu’avec des textes d’auteurs et des visuels (Born And Die #00 – Chantier{s} édité à 200 exemplaires). Nous avons donc demandé à chacun des artistes de créer un multiple pour permettre au lecteur un accès plus physique et ludique à leur travail.
Ces six multiples sont réunis dans un coffret avec une édition spéciale et font l’objet d’un tirage limité de 25 exemplaires plus six Épreuves d’Artistes. L’édition, le coffret et ses multiples sont présentés lors d’une exposition collective de ces artistes.

 

Born And Die #00 — Chantier{s}, du 7 février au 7 mars 2015,  Galerie Eric Mouchet, Paris  ©Rebecca Fanuele
Born And Die #00 — Chantier{s},
du 7 février au 7 mars 2015,
Galerie Eric Mouchet, Paris
© Rebecca Fanuele

 

Et la suite ?
Eric Mouchet : L’exposition suivante sera le fruit direct de l’exposition Born And Die, puisqu’il s’agira, après sa participation à cette exposition collective, du premier solo show de Rémi Dal Negro dans une galerie parisienne. Cette exposition est intitulée “SOMA” et Léo Marin en est le commissaire. Elle a lieu du 14 mars au 18 Avril 2015. Puis en mai Le Corbusier.

Interview réalisée par Christophe Dard.

 

INFORMATIONS PRATIQUES
Galerie Eric Mouchet
45 rue Jacob 75006 Paris
Du mardi au samedi de 14h à 19h

VISUEL EN UNE
Alexander Gorlizki, “We Are One”,
du 11 décembre 2014 au 24 janvier 2015
Galerie Eric Mouchet, Paris
© Galerie Eric Mouchet

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Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

One thought on “[Interview] Eric Mouchet : “Une galerie spacieuse pour œuvres percutantes””

Commentaire(s)

  • Bravo et merci à Eric Mouchet qui a donné en novembre 2014 une passionnante conférence à la “Maison blanche” – la première villa construite dans sa ville natale de La Chaux-de-Fonds par Le Corbusier pour ses parents.

    February 16, 2015 at 9 h 31 min

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