
“Une médecine de mort” : les expérimentations médicales du nazisme au regard de l’éthique
L’institut Goethe a organisé à Paris le 25 et 26 novembre 2011 un colloque sur les pratiques médicales des nazis à la lumière du code éthique de Nuremberg de 1947 et de l’étique médicale contemporaine, sous la direction de Lise Haddad, et de Jean- Marc Dreyfus maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Manchester (GB) spécialiste de la Shoah
[rating=4]
PLUS JAMAIS CELA
Plus jamais cela, bannir les atrocités dont les médecins du 3ème Reich se rendirent coupables au nom de la recherche médicale, telle était l’ambition du code d’éthique de Nuremberg, première réglementation en ce domaine rédigée en 1947, pendant les procès des crimes médicaux perpétrés par les nazis.
Pour la première fois, historiens, philosophes et médecins tentent ici d’analyser cette référence historique qui hante l’éthique contemporaine sans jamais avoir été pensée dans sa profondeur et dans sa logique.
COMMENT CES CRIMES ONT-ILS ETE POSSIBLES ?
Comment ces crimes ont-ils été possibles ? Comment s’inscrivaient t- ils dans l’histoire de la science et de la pensée occidentales ?Comment les procès de 1947 ont-ils permis la poursuite de la recherche médicale en Allemagne de l’ouest et de l’est ?
Comment de terribles violations de ces nouvelles normes déontologiques ont -elles pu être perpétrées, bien après la guerre, par des médecins de différentes nationalités, et mêmes par les américains qui les ont rédigées ?
N’y a-t-il pas enfin, dans la recherche médicale elle-même, une contradiction avec l’intention thérapeutique ?
Le code de Nuremberg a fait du « consentement éclairé », la clé de voûte de ses dispositions.
Haeckel qui a influencé les nazis commence par réhabiliter le suicide puis arrive à l’euthanasie, sur le fondement d’un critère d’utilité sociale, dans son histoire naturelle de la création.
Unold va dans le même sens que Haeckel et indique que la politique sociale n’est pas pour la protection des faibles, mais pour la diminution des inaptes.
Karl Brandt le médecin d’Hitler estimait qu’un bon médecin ne devait pas faire preuve de compassion, et tenait des propos qui donnent froid dans le dos.
En tant que médecin, il guettait « le miracle de l’éternité », s’asseyant souvent aux cotés d’un patient mourant, et il disait qu’il n’avait jamais vu un chrétien mourir heureux.
Il essaya à Nuremberg de justifier l’euthanasie, mais un officier canadien John W.R Thompson signala « « aider quelqu’un requiert l’existence d’une personne à aider mais au moment où il reçoit l’aide que constitue l’euthanasie, son bénéficiaire supposé cesse d’exister ».
Comment ne pas penser à Emma Lazarus et à ses vers célèbres »donnez moi vos pauvres vos exténués ».
Une bonne lecture à rapprocher du débat sur l’affaire LAMBERT, pendante devant la cour européenne des droits de l’homme, sur l’euthanasie.
Lise Haddad et Jean -Marc Dreyfus (dir), Une médecine de mort, éditions vendémiaire, février 2014 ,370 pages, 20 euros.
visuel : couverture du livre