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« Dictionnaire du cinéma britannique » de Jean-François Baillon et N.T. Binh : Rule, Britannia !

« Dictionnaire du cinéma britannique » de Jean-François Baillon et N.T. Binh : Rule, Britannia !

23 August 2023 | PAR Julien Coquet

Réalisateurs et réalisatrices, acteurs et actrices, documentaires, films d’espionnage, horreur gothique… Toute la diversité et le meilleur du cinéma britannique se retrouvent dans ce dictionnaire.

La diversité du cinéma anglais est souvent éclipsée par quelques titres et réalisateurs phares. Si un micro-trottoir demandait aux passants de citer des réalisateurs anglais, le nom de Ken Loach éclipserait tout, réalisateur qu’il ne faut pour autant pas réduire au réalisme social (« Loach a pratiqué une esthétique plus diversifiée qu’on ne le croit souvent, bien que son œuvre se range toujours du côté des plus démunis et des catégories sociales privées de représentation politique et médiatique »). En réalité, Ken Loach, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. A cela, ajoutez tous les réalisateurs britanniques partis travailler de l’autre côté de l’Atlantique (Alfred Hitchcock, Charlie Chaplin, David Lean…), et il ne reste finalement plus grand monde sur l’île britannique.

Pourtant, ce Dictionnaire du cinéma britannique vise avant tout à redorer l’image d’un cinéma qui peut paraître gris et unifié. Les deux auteurs, Jean-François Baillon et N.T. Binh, professeur en études britanniques pour l’un et critique à la revue Positif pour l’autre, cherchent à « partager le plaisir et l’enthousiasme que cette cinématographie nous procure depuis de longues années ». On parcourra donc les films de la Hammer (productrice de films de genre créée en 1934), la carrière des Monty Python (dont on apprend que la chanson « Always Look on The Bright Side of Life » située à la fin de La Vie de Brian attira les foudres des mouvements religieux), les films d’espionnage (eh oui : James Bond, certains films d’Hitchcock, les films adaptés de romans de John Le Carré…)…

Le dictionnaire prend également le temps de se poser sur certains films, et d’y consacrer une analyse bienvenue qui ne pourra que donner envie se de replonger dans ces longs métrages, ou d’en dénicher de nouveaux. On découvre ainsi The Great White Silence (Herbert G. Ponting, 1924), un documentaire sur l’expédition du capitaine Scott au pôle Sud, Ponting filmant dans des conditions extrêmes, « l’un des intérêts du film est d’ailleurs de montrer le cinéaste au travail en incluant des photos des dispositifs très élaborés installés à bord du Terra Nova pour parvenir à obtenir des points de vue acrobatiques ». Ou encore le troisième long métrage d’Hitchcock, Les Cheveux d’or (1927), où la « science du découpage fait merveille, ainsi que l’utilisation dramatique du décor, de la lumière, des intertitres et même de la couleur ». Côté terrain connu, le livre nous donne envie de revoir Le Messager (1971) de Joseph Losey, Meurtre dans un jardin anglais (1982) de Peter Greenaway qui « fait partie de ces œuvres énigmatiques qui défient l’interprétation en même temps qu’elles la suscitent », Secrets et mensonges (1996) de Mike Leigh, « ample récit choral aux ressorts mélodramatiques »

Dictionnaire du cinéma britannique, Jean-François BAILLON et N. T. BINH, Editions Vendémiaire, 718 pages, 33 €

Visuel : Couverture du livre

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