Eric Dussault raconte l’invention de Saint-Germain des Prés
Eric Dussault historien et enseignant a soutenu sa thèse à l’université York de Toronto au Canada en 2011.
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SAINT GERMAIN DES PRES
Saint Germain des Prés attire les touristes du monde entier.
Comment expliquer qu’on se presse aujourd’hui encore, au Café de Flore ou aux Deux magots ?
Nostalgie d’un âge d’or qui dans les années 50 aurait fait de l’endroit un village très sélect ou de jeunes existentialistes auraient découvert le jazz, l’anticonformisme et l’amour libre, abusant de l’alcool, et autres substances europhorisantes.
Juliette Gréco, Boris Vian ou Jean- Paul Sartre sont ainsi devenus les icônes d’une génération.
Images d’Epinal soigneusement entretenues par les intéressés qui, avec un sens aigu du marketing ont tissé leur propre légende.
ET SI SAINT GERMAIN DES PRES N’AVAIT PAS EXISTE
Et si Saint Germain des Prés n’avait jamais existé.
Au plus près des sources, notamment des archives policières, nous découvrons ici un monde de la nuit qui n’est pas celui qu’on croit : rationnement, précarité, bagarres, prostitutions, viols et violences domestiques, avortements clandestins, homophobie.
En somme un quartier comme un autre dans un Paris en reconstruction dans l’après guerre.
Saint Germain des Prés est un des quartiers de Paris où l’immobilier est le plus cher.
On y trouve la rue la plus chère de Paris, la rue de Furstemberg.
Saint Germain des Prés est un mythe, avec les brasseries le Café de Flore et les Deux Magots, et lipp.
Comme disait Juliette Greco »nous jouissions du mot libération jusqu’au bout de ses significations »
C’est pour cela qu’on a créé l’expression » les germanopratins » en opposition aux « touristes ou les curieux ».
Toute cette création a surtout enrichi les commerçants du quartier.
Saint Germain comme phénomène médiatique est né dans les caves et non dans les cafés.
Il y avait une cave « Le tabou », au 33 rue Dauphine très célèbre où la provocation à caractère sexuel a atteint un niveau inégalé avec l’élection de la fameuse » miss vice ».
Pour la police et la presse à scandale, il y a eu amalgame entre « la miss vice et l’existentialisme ».
Comme a dit un personnage du film « Pigalle Saint Germain des Prés », » l’existentialisme ce n’est pas une cave, c’est une mine ».
Passionnant !
Eric Dussault, l’invention de Saint Germain des Prés, éditions Vendémiaire, mars 2014, 240 pages, 22 euros.
visuel : couverture du livre