
Emmanuel Carrère remporte le Renaudot
Ce mercredi est le jour des prix littéraires. Alors qu’Alexis Jenni remporte le prix Goncourt. Le lauréat du Renaudot est Emmanuel Carrère avec le livre Limonov (P.O.L). ( Voir notre critique)
Dans son dernier roman, l’auteur de « D’autres vies que la mienne » et « Un Roman russe » se fait le biographe d’un personnage pas forcément sympathique. Poète dissident de la Russie soviétique, romancier de l’exil underground new-yorkais, chef d’un parti néofasciste dans la Russie d’aujourd’hui, Limonov est surtout un prétexte. Sur le ton léger qui le caractérise, Carrère livre autour du personnage une merveilleuse chronique historique.
De Limonov, Carrère dit : »C’est une vie aventureuse et ambiguë : un vrai roman. Et c’est une vie qui, je crois, raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. » Il ne trouve pas forcément son sujet sympathique, même s’il admire parfois son courage. C’est d’autant plus à son honneur d’avoir essayé de retracer les faits pour faire la part des choses et tenter de reconstituer la trajectoire de ce héros ou ce salaud hors du commun. Autour de la biographie en pointillés, du talent et des engagements douteux de Limonov, l’auteur a tissé une fresque documentée et brillante, où, à grands renforts d’anecdotes personnelles, il délivre de véritables leçons d’Histoire. Un roman aussi nourrissant que délicieux.
Emmanuel Carrère, Limonov, P.O.L., 489 p., 20 euros. Sortie le 8 septembre 2011.
« Arrivé à ce point, je ne suis pas certain que mon lecteur ait réellement envie qu’on lui raconte comme une exaltante épopée les débuts d’une feuille de chou et d’un parti néofascistes. Je ne suis aps certain d’en avoir envie, moi non plus. Cependant c’est plus compliqué que ça. Je suis désolé. Je n’aime pas cette phrase. Je n’aime pas l’usage qu’en font les esprits subtils. le malheur est qu’elle est souvent vraie. En l’occurrence, elle ‘lest. C’est plus compliqué que ça. » p. 381