Crimes et procès sensationnels à Los Angeles (1922-1962) de Nausica Zaballos
Sous-titre: Au-delà du dalhia noir
De tous temps des crimes et des procès retentissants ont défrayé la chronique. Mais nulle ville peut-être n’a été aussi médiatisée dans ses forfaits que la mecque du cinéma. A l’âge d’or d’Hollywood, des meurtres abominables sont perpétrés. De manière très documentée, avec photographies à l’appui, Nausica Zaballos nous présente avec clarté et juste ce qu’il faut de détails huit cas fameux qui ont de quoi glacer le sang et vous faire cauchemarder la nuit.
Ces affaires comportent de nombreux points communs: les tués sont presque toutes de séduisantes jeunes femmes, les meurtriers et parfois aussi leurs victimes recherchent la célébrité, comme l’immense majorité de ceux qui viennent à Los Angeles. A défaut de devenir une étoile de cinéma, certains comme Clara Philips, la tueuse au marteau, et William Edward Hickman, kidnappeur et découpeur d’enfant, trouvent leur consécration en faisant la une des journaux et en suscitant curiosité et dégoût. La mecque du cinéma est aussi celle des escrocs. Beaucoup de soit disant guérisseurs, pasteurs, voyants profitent de la crédulité populaire pour gagner beaucoup d’argent. C’est le cas d’Aimee SimpleMcPherson qui utilise sa beauté et ses talents d’actrice pour susciter l’admiration des foules, elle fait aussi sa fortune en créant le scandale, comme ce sera aussi le cas du pasteur Joseph Jeffers et de sa femme Zella. Mais les deux cas les plus frappants sont peut-être ceux que nous expose l’auteur dans les derniers chapitres de son livre ayant gardé en quelque sorte “le meilleur pour la fin”. Delora Mae Campbell, l’inquiétante baby sitter de seize ans, qui assassine la petite fille dont elle a la garde avec une simple chaussette après avoir vu un film dans lequel un meurtre est commis le même jour pose pour la première fois la question de l’influence de la télévision et des médias sur la jeunesse. A l’opposé, Elizabeth Duncan, la mère incestueuse d’une cinquantaine d’années, est tout aussi voire même encore plus effrayante car elle commandite le meurtre de sa belle-fille en pleine possession de ses moyens. Son amour si particulier pour son fils, plébiscité par l’objet de cette affection envahissante lui-même, terrorise tant par son anormalité que par le calvaire que subit la malheureuse belle-fille à tous les moments de son mariage.
Chacune de ces histoires vraies exposées fascine et terrifie tout à la fois. Cela fait un peu penser aux récits racontés par Pierre Bellemare, incroyables et pourtant réels, la monstruosité humaine sidère toujours autant et la lecture de telles affaires incite à toujours plus de circonspection à l’égard des autres êtres humains. Aucune des victimes de ces prédateurs n’aurait pu imaginer une seconde que de telles abominations allaient lui arriver et que sa vie allait se terminer d’une manière aussi désespérément sordide mais ce fut pourtant le cas.
Journaliste du webzine cinemapolis, docteur en civilisation américaine à La Sorbonne, Nausica Zaballos est passionnée par les représentations culturelles et identitaires dans les domaines du cinéma et de la médecine en particulier. Elle est aussi l’auteur du livre: Le Système de santé navajo Savoirs rituels et scientifiques de 1950 à nos jours publié à l’Harmattan en 2009.
Une excellente plume à découvrir sans tarder, un remarquable travail de recherche qui recrée de manière très réaliste les noirceurs de l’âge d’or d’Hollywood. Après avoir lu ce livre, les paillettes du star system n’auront plus le même éclat pour vous.