Kushi, conte en Mongolie
Fin janvier est sorti le quatrième tome de Kushi, concluant la série. Retour sur une histoire entre conte fantastique et aventure née de la collaboration d’un scénariste français et d’un dessinateur chinois.
Kushi est une jeune fille, petite fille de la chamane de son village de Mongolie. Nous sommes en 1985, et elle préfère parcourir les steppes avec son cheval et son chien loup plutôt que d’aller à l’école. Jusqu’au jour où elle découvre que Bold, un de ses compatriotes, manigance contre son propre village. Aidée par son ami Tilik, Kushi va plonger au cœur des légendes de son pays pour déjouer les plans de Bold.
L’histoire se passe en Mongolie intérieure, dans un village traditionnel mongol au milieu des steppes. Outre l’originalité du cadre, très peu représenté en bande dessinée, le choix de l’époque est lui aussi intéressant. Choisir 1985, c’est choisir une époque charnière entre tradition et modernité. Le village a déjà commencé à se moderniser, avec une partie des constructions en dur comme l’école, signe de sédentarisation, mais conserve les yourtes pour habitations. Les habitants conservent leurs savoirs héréditaires, comme la chasse, l’élevage ou la couture, tout en voyant apparaître des métiers et des préoccupations modernes.
Kushi représente le mode de vie traditionnel, lié à la nature, à ses forces et à ses cycles, Bold est sont antagoniste, avide, et sans scrupules, tandis que les autres personnages sont un éventail de nuances entre ces deux opposés. Les chinois (de l’ethnie Han) sont ici les porteurs de la modernité avec des personnages éduqués comme le vétérinaire, à la position difficile entre deux cultures, deux éducations.
Kushi pose la question de comment maintenir un équilibre entre tradition et modernité, conserver ses racines, sa culture, le respect de la nature tout en acceptant de s’adapter au monde contemporain et à tous ses changements.
Deux conception de la vie et du bonheur se font face, entre vie paisible en harmonie avec la nature et vie matérialiste demandant toujours plus de richesses, souvent au détriment de l’environnement.
Le ton de l’histoire oscille entre fable écologiste, tableau social et conte fantastique. A des scènes de poursuite succèdent un conte nous emmenant dans un palais souterrain rempli de magie et de fantastique, ou des moments plus quotidiens.
Le dessin se rapproche de celui dessins animés des studios Ghibli, mis en relief par une belle mise en couleur.
Une jolie fable aux influences variées qui se termine en laissant la porte ouverte à un nouveau cycle d’aventures de Kushi.
Kushi, de Patrick Marty et Golo Zhao
4 tomes – Editions Fei
visuels © Editions Fei