Autopsie d’une psy
Voilà quatre ans qu’Annie suit une psychothérapie. Plus de deux cents consultations au cours desquelles elle s’épanche sur sa vie, devant la thérapeute par définition totalement neutre dans l’abord des situations et des problèmes. Et pourtant, ce jour-là, tandis qu’elle lui avoue vivre une relation adultérine, sa psy perd sa bienveillante neutralité. Gestes auto-centrés, tremblements, lunettes triturées entre ses mains, un trouble perceptible fend son armure de thérapeute.
Et Annie de s’interroger. Pourquoi et en quoi ses propos la déstabilisent? Elle décide alors de creuser le sujet, d’entrer un peu plus loin à chaque entretien dans les détails de sa vie intime avec son amant et d’épier les réactions de la psy. Une violation de l’asymétrie des échanges qu’elle trouve jubilatoire. Celle censée l’aider est mise en position de fragilité. Plus elle évoque ses rencontres avec son amant, plus elle génère un mal-être palpable chez l’autre. Un pouvoir excitant, presque machiavélique. Et mystérieux. La psy connaît-elle son amant? A t-elle déjà elle-même eu une relation adultérine ou rêvé d’en avoir? Ce qui est certain, c’est que ce sujet la perturbe. Fortement. Et si rien de personnel de la part de la psy ne doit interférer dans le travail thérapeutique, Annie entend bien dynamiter ce principe de base.
Jusqu’où ira t-elle pour y parvenir ?
Cette histoire en trois actes – qui se prête à merveille à une adaptation au théâtre- tient le lecteur en haleine de bout en bout. Une analyse d’une justesse chirurgicale des rapports patient-thérapeute, des projections, fantasmes, transferts, de ces moments fragiles où la vie peut basculer et mener aux frontières de la folie, menée au scalpel de la brillante plume de Brigitte Kernel.
p. 16 : « J’avoue, je me réjouissais « Elle aimerait avoir un amant et elle n’y arrive pas! Tout ce que je lui raconte la ramène à son incapacité à se lancer dans une double vie. C’est vrai, souriais-je en moi-même, que je dois être agaçante à être aussi heureuse dans une situation qu’on juge généralement bancale. »
Karine Flejo
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One thought on “Autopsie d’une psy”
Commentaire(s)
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Lili
Voilà qui m’intéresse beaucoup ! Merci pour l’idée lecture !