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Wall Street : L’argent ne dort jamais. Et vous?

Wall Street : L’argent ne dort jamais. Et vous?

25 September 2010 | PAR Geraldine Pioud

Forcément on attendait beaucoup de ce nouveau volet, tant le premier “Wall Street”, sorti en 1987, avait marqué les esprits. Depuis la crise financière est passée par là et Oliver Stone s’est assagi.

Le problème est toujours le même lorsque l’on décide de faire une suite : on n’échappe pas à la comparaison entre le premier et le deuxième volet (voire après le troisième et le quatrième!). Alors pour ne pas tomber dans le “c’était mieux avant” ou (pire) “l’herbe est toujours plus verte chez le voisin”, abordons Wall Street : l’argent ne dort jamais comme une oeuvre à part entière, détachée de toute influence passée. L’histoire se passe un peu avant la crise de 2008 : Jake Moore (Shia LaBeouf), un jeune trader assez doué, a fait gagner des millions de dollars au fonds d’investissement Keller Zabel, dirigé par son mentor Louis Zabel. Du côté de sa vie privée, il file le parfait amour avec Winnie (Carey Mulligan) qui a accepté de l’épouser. Mais des rumeurs (infondées) circulent sur Keller Zabel, détruisant la société et conduisant son boss, Louis Zabel, au suicide. Dès lors Jake n’a plus qu’une seule idée en tête : venger son mentor et rétablir la réputation de Keller Zabel. Pour cela il va se rapprocher de Gordon Gekko (Michael Douglas), ancien gourou de Wall Street et par ailleurs père de sa petite amie. C’est à ce moment-là que le quotidien de Jake va devenir de plus en plus sombre et incontrôlable.

Wall Street : L’argent ne dort jamais offre un résultat mitigé. On apprécie le détachement esthétique et ludique mis en place par Oliver Stone dans certains de ses plans : pour illustrer les fluctuations boursières, il dessine des courbes sur les immeubles de Manhattan ou de Londres en surimpression, ironisant sur un sujet qui pourtant ne prête pas à rire. Le procédé malheureusement s’avère un peu “lourd” au bout d’un moment (le film fait quand même 2h16), tant il devient répétitif et systématique. Oliver Stone aime en faire trop, c’est sa façon d’être un réalisateur reconnaissable en quelques plans. En cela, avec Wall Street : L’argent ne dort jamais, il reste fidèle à lui-même! On apprécie aussi les apparitions clin d’oeil de Charlie Sheen (star du premier volet aux côtés de Michael Douglas) et d’Oliver Stone himself, ainsi que les vues aériennes et panoramiques de Manhattan.
Mais Wall Street : L’argent ne dort jamais, malgré toutes ses bonnes intentions, reste bancal pour plusieurs raisons. Comme dans un certain nombre de film, d’avance on connaît la fin (il y aura bien une crise financière en 2008 et après…). Cela n’est pas un désavantage, loin de là, les réalisateurs la plupart du temps arrivant à maintenir une sorte de faux suspense (on espère une autre fin que celle qui a existé dans la réalité). Sauf qu’ici Oliver Stone ne réussit pas à enclencher ce processus : quoi que décide les protagonistes on connaît le résultat, on se moque du chemin emprunté et on finit par avoir hâte d’arriver à la conclusion. Au bout de peu de temps on comprend pourquoi cela ne tourne pas rond : les personnages ne sont pas attachants. Carey Mulligan, malgré son grand talent, arrive tout juste à sortir la tête de l’eau. Et pour cause, le couple qu’elle forme avec Shia LaBeouf (même s’il existe aussi à la vie!) ressemble plus à de naïfs jeunes adultes qu’à des personnes ayant potentiellement du pouvoir à Wall Street. Shia LaBeouf en “trader-requin-gentil-quand-même” incarnant le nouveau visage de la finance n’est absolument pas crédible : avec son visage d’adolescent et ses moues de poupon, on n’y croit pas une seconde. Cette erreur de casting est assez dommage (mais très “bankable”), les autres interprètes tenant leurs rôles à la perfection, Michael Douglas en tête. S’il avait voulu garder ce casting, Oliver Stone aurait peut-être dû envisager quelques modifications dans son scénario. Comme quoi, on peut être un pro et faire encore des faux pas!

Wall Street : L’argent ne dort jamais, d’Oliver Stone, avec Michael Douglas, Shia LaBeouf, Josh Brolin, Carey Mulligan, Frank Langella, Susan Sarandon
États-Unis, 2h16, drame
En salles le 29 septembre 2010

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Geraldine Pioud

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