![“Passage par le futur”, portrait de la Chine, frappant par instants [Cannes 2017, Un certain regard]](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2017/05/walking-past-the-future-1024x683.jpg)
“Passage par le futur”, portrait de la Chine, frappant par instants [Cannes 2017, Un certain regard]
Certaines des dimensions de ce drame social et familial marquent. Trop long, hélas, le film complique la quête de racines qu’il peint avec des scènes plus que déjà vues, et quelques personnages archétypaux…
[rating=3]
S’il avait continué un jour de plus à se rendre à son usine pour supplier son patron de le garder, le père de la jeune Yaoting serait mort : un glissement de terrain a provoqué la disparition des bâtiments. Ne voyant plus de raison de demeurer dans la grande ville, cette famille prend la route pour la campagne aride, là où se trouvent leurs racines… Dans Passage par le futur, le cadre rural sera solaire, exploité par les possédants, jonché de maisons spartiates, mais plus hospitalier que le milieu urbain gris, trompeur et au final triste. La jeune Yaoting, étudiante et ouvrière dans une usine d’électronique, va laisser, elle, ses parents dans leur nouvelle demeure, et revenir dans les immeubles. Tandis que sa mère et son père, malade du dos, tenteront de vivre à moindres frais et de soigner leurs maux, elle se fera happer par les faux espoirs des cités modernes, en désirant payer à ses géniteurs l’appartement de leurs rêves…
Très bien interprété, ce film est hélas rendu peu démonstratif, du fait de sa longueur. Au début, lors de l’installation à la campagne, l’humanité règne. On s’attache à cette traversée, et à son lot de rencontres avec les puissants et avec la famille restée au pays – tous les personnages demeurant très bien joués – mais aussi d’espoirs et de vie moins chère, avec ce père touchant… Après, le retour en ville de l’héroïne passionne moins. C’est à ce moment-là que l’on découvre une amie à elle irritante, un garçon séduisant, un peu imaginé à gros traits… et d’autres situations qui prennent trop leur temps. Le film offre un panorama intéressant de certaines évolutions, toutes imbriquées les unes dans les autres, mais il cherche parfois trop à faire oeuvre. On attend juste de voir la suite du dialogue entre les univers, de sentir le drame se déployer… Cela met du temps, trop de temps… On eut aimé un rythme plus concis, plus tenu, plus tranchant, pour se passionner pour cette famille…
Bien réalisé, mais parfois perdu entre sécheresse et messages appuyés, Passage par le futur intéresse, mais nous laisse décrocher aussi, parfois. En prime, on peut préciser que tous les jeunes Chinoises et Chinois du film ont les yeux rivés sur leurs smartphones, dont les messages s’affichent en sous-titres à l’écran…
Passage par le futur (Lu gui wei lai), de Ll Ruijun, avec Yang Zishan (Yang Yaoting) et Fang Yin (Xin Min). Chine, 2017, 129 minutes. Cannes 2017, Un certain regard.
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