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Une ouverture réussie pour le festival “Un Etat du Monde et du Cinéma”

Une ouverture réussie pour le festival “Un Etat du Monde et du Cinéma”

21 November 2016 | PAR Ophelie Masson

Le festival “Un Etat du Monde et du Cinéma”, marrainé par Christiane Taubira, s’est ouvert sur le film Baccalauréat de Cristian Mungiu, comme un état des lieux de la société roumaine.

Une grande dame pour marraine

Taubira

C’est sous des applaudissements qui n’en finissaient plus que Christiane Taubira a ouvert la 8e édition du festival Un Etat du Monde et du Cinéma, dont elle est cette année la marraine.
Laurence Herszberg, la directrice du Forum des Images, l’introduit comme une grande dame, “une des rares personnalités politiques qui accorde encore autant d’importance à la culture”. L’ancienne Garde des Sceaux et Ministre de la justice jusqu’en janvier dernier semble apprécier cette entrée en matière, avant de prendre la parole, calme et réfléchie, comme toujours. Elle nous raconte alors une histoire de son enfance, lorsqu’elle était en voyage en Afrique du Sud avec sa mère, qui l’élevait seule. Là-bas, elle rencontre une matrone locale, qui dans un hangar veille sur des personnes visiblement dans une situation de pauvreté extrême. Et pourtant, cette femme se lance alors dans une conversation à propos de ses auteurs favoris, des textes qu’elle aime lire. C’est à ce moment là que Christiane Taubira dit comprendre que la culture “assure que notre dignité de personne humaine subsiste. C’est notre verticalité”. À la question “si vous deviez emmener un livre avec vous sur une île déserte, lequel ?”, l’ancienne ministre répond, pragmatique : “si je suis sur une île déserte, j’en déduis que j’ai de la place, donc j’apporte une bibliothèque entière”.

Un drame social en Roumanie
Le festival s’est ouvert sur le film Baccalauréat, du réalisateur roumain Cristian Mungiu, invité d’honneur. Le réalisateur était présent pour sa Première en France, lors de laquelle il déclare: “mes films parles d’aventure humainement Roumanie ou ailleurs. De sujets personnels mais pourtant universels”, puis d’ajouter que “la nouvelle génération, pleine d’énergie, porte l’espoir”, en référence notamment à l’actrice de son film Maria-Victoria Dragus.

Le pitch. Eliza est une élève modèle, qui passe le bac cette année. À priori une simple formalité pour cette jeune roumaine qui est parvenu à décrocher deux bourses pour aller étudier dans une université anglaise, autant dire le graal. Mais alors que la semaine d’épreuves ne fait que débuter, elle est victime d’une agression sexuelle dans la rue. Dans un système de société corrompu, son père médecin Roméo, coincé entre sa femme actuelle et sa maîtresse qu’il aime plus que tout, va tout faire pour qu’Eliza puisse passer ces épreuves avec succès malgré le traumatisme. Mais pour y parvenir, il devra prendre le risque de revenir sur ses principes moraux, y compris ceux qu’il tente d’inculquer à sa fille depuis toujours.

Baccalauréat, c’est avant tout une critique du système ultra corrompu que l’on observe, à travers les yeux de Roméo, dans cette province roumaine, loin du développement frénétique de Bucarest. Que ce soit dans son environnement de travail à l’hôpital, au commissariat pour aller porter plainte et arrêter l’agresseur d’Eliza ou dans son école, la corruption est partout. Certains personnages le justifient ainsi : nous sommes tous dans le même bateau, alors entre « amis » on s’entraide. Une logique que réfute Roméo jusqu’à ce qu’il se trouve lui-même confronté à une situation d’injustice.

Le film de Cristian Mungiu dépeint aussi une relation père-fille empreinte d’amour. Certes, leurs désaccords et les désillusions d’Eliza mettent à mal ce lien fort et unique qui lie ces deux êtres comme suspendus dans le temps, puisque ni l’un ni l’autre ne savant vraiment où ils vont. Mais ce qui finit par les définir et les réunir, ce n’est pas ce qui leur arrive tout au long du film mais plutôt la façon dont les deux vont décider de réagir face à ce qui leur arrive. Eliza et Roméo sont tous deux à part, des êtres à l’intelligence humaine rare, lucides tout en gardant espoir.
Retrouvez ici notre critique lors du festival de Cannes 2016.

Baccalauréat, de Cristian Mungiu : sortie en France le 7 décembre 2016

Visuel: © Forum des Images / Ophélie Masson

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Ophelie Masson

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