![[Un certain regard] « Vers l’autre rive » : Kiyoshi Kurosawa nous sort ses fantômes les moins inspirés](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2015/05/Vers-lautre-rive-1024x682.jpg)
[Un certain regard] « Vers l’autre rive » : Kiyoshi Kurosawa nous sort ses fantômes les moins inspirés
Un duo composé d’une humaine et d’un fantôme, à moins que ce ne soit l’inverse, part faire on ne sait trop quoi… Le film impossible du Certain regard 2015, composé de scènes obscures, inutilement compliquées, empreintes de croyances difficiles à saisir.
[rating=1]
L’une des premières scènes de Vers l’autre rive laisse présager le meilleur : la jeune Mizuki sent une présence derrière elle, et accueille bientôt un fantôme. On croit qu’on va retrouver le Kiyoshi Kurosawa fascinant de Cure. Manque de chance, la suite va nous entraîner dans une rêverie mélancolique, façon Tokyo Sonata… Yusuke est donc un fantôme. Ou quelque chose qui a, à peu près, la même fonction. Disparu en mer, il revient pour visiter son épouse. Et part avec elle sur des lieux précis. Où il fera remonter, au passage, quelques morts à la surface. D’abord la maison d’un vieux professeur, puis un restaurant, un hôpital, un village de campagne, une source et un champ qui “permettent d’accéder à l’au-delà”…
Tout d’abord, comme il a décidé, pour ce film, de ne pas différencier visuellement vivants et morts, Kiyoshi Kurosawa nous égare. Il n’explique rien, multiplie les personnages et les scènes où surgissent les souvenirs. Il complique à loisir ces dernières : lors d’un beau passage, Mizuki revoit son père. Qui, à l’écran, a le même âge qu’elle… Surtout, il nous frustre car il n’explicite pas l’enjeu de son film. On vogue avec ce duo humain/fantôme, désireux de… de faire quoi, au juste ?… Un duo que la forme du film, compliquée, ne nous permettra pas de trouver attachant. Car on ne les connaîtra jamais vraiment.
On ne s’étendra pas sur la musique qui verse dans le sirupeux et le planplan, ou sur le côté naïf qui imprègne l’ensemble. Faisons un constat : Vers l’autre rive est un film empreint d’une sagesse propre à son réalisateur, rempli d’idées qui n’appartiennent qu’à lui. Certains pourront être sensibles à son ton calme et élégiaque, ou aux épisodes traversés, assez variés. N’ayant, de notre côté, pas réussi à les inscrire dans un enjeu global, on a abandonné. Et laissé Kiyoshi Kurosawa à ses rêves trop lisses, ou trop perchés, on ne sait pas.
*
Vers l’autre rive, un film de Kiyoshi Kurosawa. Avec Eri Fukatsu, Tadanobu Asano. Drame, Japonais. Durée : 2h08.
Visuel : © Version originale / Condor
Retrouvez tous les films de la section Un certain regard dans notre dossier Cannes