The Lodger d’Hitchcock pour la première fois à l’écran
Troisième film d’Alfred Hitchcock, tourné en Grande Bretagne, “The lodger, a story of London fog” (1926) n’avait jamais été projeté dans les salles en France. Les fans du maîtres se précipiteront pour voir cette variation muette et irrésistible de Jack l’éventreur où les blondes jouent déjà un rôle de premier plan, puisque le titre français traditionnel était auparavant “Les cheveux d’or”.
Dans le brouillard mythique de Londres, la population est en émoi : tous les mardis, un serial-killer assassine une femme blonde. La police n’arrive pas à arrêter celui qu’on appelle “Le vengeur” et qui signe chacun de ses crimes d’un triangle. Au même moment un jeune homme torturé et presque inquiétant loue une chambre chez un couple londonien qui a une charmante fille blonde : Daisy. La jeune-femme est fiancée avec un des policiers enquêtant sur le vengeur…
Jouant d’un nombre limité de décors et de leur géométrie pour créer le suspense, Alfred Hitchcock met en scène de manière expressionniste le chanteur à succès londonien de son temps : Igor Novello. Ses yeux sombres tranchant avec son teint livide fait de lui le suspect parfait… A ses côtés la charmante June est une blonde plus explicitement sensuelle que les futures égéries américaines du réalisateur (la scène du bain étant particulièrement suggestive). Travaillant d’après le roman de Marie Belloc Lowndes, Hitchcock transforme la sordide histoire de Jack l’éventreur en sauvetage de bouc émissaire et fait passer l’enquête policière après les étreintes amoureuses. On notera les premiers intertitres, complétement inspirés du graphisme expressionniste et la scène de foule finale qui ne peut que faire penser au “Massenpsychologie” de Freud (1921) et bien sûr à M le maudit.
“The Lodger- A Story of London Fog“, d’Alfred Hitchcock, d’après le roman de Marie Belloc Lowndes, scénario : Baron Ventimiglia, avec Igor Novello, June, Malcom Keene, Marie Ault, Arthur Chesney, Royaume Uni, 1926, Carlotta, 73 min, noir & blanc, muet, reprise, à voir à l’Action Christine, 4, rue Christine, Paris 6e.