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Storia Di Vacanze : tragédie chorale au sein de la classe moyenne italienne

Storia Di Vacanze : tragédie chorale au sein de la classe moyenne italienne

30 September 2021 | PAR quentin didier

Storia Di Vacanze, le deuxième film de Damiano et Fabio D’Innocenzo réalisateurs déjà remarqués pour « Frères de Sang », suit les vacances estivales d’un quartier résidentiel plutôt tranquille. Mais la lumière de ce bel été italien va laisser place à un univers terriblement cynique et pessimiste. La Berlinale 2020 a offert l’Ours d’argent à ce scénario choral parfois très brutal.

Un chœur qui sonne faux

Les jours se rallongent, le soleil est omniprésent, et l’année scolaire se termine enfin. Pourtant les belles promesses des vacances ne semblent pas ravir les petits et les grands de ce quartier familial de la grande banlieue de Rome. La narration suit à la manière d’un film choral, ces hommes, femmes et enfants de la classe moyenne italienne. Le récit s’attarde particulièrement sur l’enfance et cherche à révéler les multiples dysfonctionnements de ce pan de la société pourtant si commun.

En effet sur les différents visages qui composent une mosaïque somme toute ordinaire, les moues sont figées, les sourires sont absents. Les enfants et adolescents en particulier paraissent tragiquement préoccupés et noyés par l’anxiété. Leurs regards sont agars, et les brefs sourires et rires se comptent sur les doigts d’une main. Sans surprise, il est difficile pour eux de se construire entourés de pères abusifs et de mères désabusées. Car ce sont le comportement des adultes qui trahissent le plus le dysfonctionnement dramatique de cet exemple de classe moyenne où les faux semblants sont rois et où l’hypocrisie est reine. Alors on comprend qu’ici, et comme souvent ailleurs, les adultes sont encore de grands enfants, et les enfants déjà de petits adultes.

Et la chorale vire au drame

Dans leur œuvre, les frères D’Innocenzo n’épargnent pas la bienséance et la bienveillance. Avec des plans serrés qui viennent souligner des dialogues crus, les deux réalisateurs proposent dans ce récit pourtant estival une aura parfois glaciale et malsaine. Ils n’hésitent pas à laisser déborder les mauvais sentiments et la toxicité, nous faisant parfois froid dans le dos avec brio. Car la chorale des frères D’Innoncenzo est certes cynique, mais surtout diablement bien ficelée. On devine ici les contours d’une tragédie contemporaine comme le cinéma italien en produit si bien.

Storia Di Vacanze prend subtilement une tournure dramatique. Ce quartier résidentiel au premier abord paisible, s’assimile désormais à un château de cartes laissant s’effondrer quasiment tout le monde. L’innocence de tous est violemment bousculée lors de ces vacances ordinaires, de manière à rappeler brutalement que même d’anecdotiques mal-être ne doivent pas être occultés. Damiano et Fabio d’Innocenzo réalisent un intense tour de force où la tragédie n’est jamais bien loin du réel.

Visuel : © Affiche du film

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quentin didier

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