Treme, une série jazz en theme
La saison 2 de Treme, dont le pilote a été projeté lors du festival Séries Manias, débarque sur HBO le 24 avril. Les dix épisodes de la première saison de David Simon et d’Eric Overmeyer, diffusés sur Orange Ciné Novo, sortent, eux, en DVD le 20 avril. A voir sans modération.
Treme, c’est l’histoire d’un quartier d’une ville en ruine. Treme, c’est une série sur des personnages qui tentent de reconstruire leur vie, trois mois après le passage de Katrina. L’ouragan a ravagé la Nouvelle-Orléans et les protagonistes du feuilleton tentent de reprendre la route comme ils peuvent. Sans sou, sans toit, sans école ? Pas tout à fait, mais presque. Personne ne roule sur l’or. Bien au contraire. Mais ils savent garder la bonne humeur, en attendant des lendemains meilleurs. Ensemble, ils défendent leur cité adorée. En particulier, les traditions de la Big Easy – surnom de la ville -, telle la cuisine à base de fruits de mer. Et, surtout, le jazz, leur passion commune.
David Simon, le co-créateur, n’y va pas par quatre chemins. Dans sa série, la musique de rue et les concerts dans les bars – qui rouvrent petit à petit après Katrina – prennent une place primordiale. De véritables jazzmen locaux, comme Allen Toussaint, jouent leurs propres rôles dans la saison 1. Lucia Micarelli, violoniste membre du casting régulier, interprète dans la série une… violoniste en couple avec un pianiste.
Certains des protagonistes de Treme ont fait de la musique leur métier. Ils tentent de gagner des billets pour payer les factures et subvenir aux besoins des familles. C’est le cas, par exemple, d’un saxophoniste divorcé qui se dit “fauché” au début de l’histoire.
Une série politique et musicale
Gagner de l’argent au jour le jour… puis fustiger la gestion de crise de l’administration Bush suite à la catastrophe semble être le défi des personnages. Comme ce professeur qui se plaint de l’absence de toute action visant à la reconstruction de la Nouvelle-Orléans. Auteur de belles envolées lyriques, il use d’un vocabulaire peu soutenu (comme l’indique l’une de ses répliques cultes : “Fuck you you fucking fucks”) et de son humour noir. Un autre personnage, le fameux Big Chief indien, grand fan du carnaval de mardi gras, critique, lui, le fait que les cités vides de HLM n’accueillent pas les habitants sans maison. Une avocate, mariée au professeur, cherche, enfin, la trace du frère d’une des héroïnes, disparu depuis la tempête. Pour pointer du doigt l’administration des victimes de l’ouragan et des inondations des rues et des maisons.
Le président Bush, qui a (tant) promis suite à la catastrophe, en prend pour son grade. Alors, Treme, une série politique engagée ? Certes, mais moins que son ancêtre du même créateur The Wire. L’essence du feuilleton réside ailleurs : les personnages aiment leur cité, veulent que ses traditions perdurent. Et ils le font savoir… au travers des chansons. La musique, encore et toujours !
Treme, feuilleton dramatique, créé par David Simon, Eric Overmeyer, produit par David Simon, Nina Kostroff Noble, Eric Overmeyer, Carolyn Strauss, USA, 2010, en production, une saison, 10 épisodes (60 minutes).