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“The Gifted” : une série réussie inspirée des X-Men

“The Gifted” : une série réussie inspirée des X-Men

03 January 2019 | PAR Geoffrey Nabavian

Au sein de la vague récente des productions télé ou VOD avec super-héros, cette série palpitante, sombre et plutôt triste, se distingue. Sa première saison est à voir en DVD chez 20th Century Fox France, tandis que sa Saison 2 se voit actuellement diffusée, sur la chaîne Fox aux Etats-Unis et sur Canal+ Séries en France.

Au sein des films de cinéma, les mutants tirés des comics américains se sont beaucoup distingués, ces dernières années. La série The Gifted permet, elle, la rencontre avec de tous nouveaux personnages, pour certains directement issus des comic-books Marvel, et inspirés par ceux-ci pour d’autres. Telle Blink, jeune mutante qui arrive à se téléporter, ou Polaris, fille d’un personnage qu’on ne dévoilera pas.

Le récit prend place dans l’époque contemporaine, alors que le “Gène-X” peut désormais être tout de suite détecté, et se trouve maintenant plus stigmatisé que jamais par les autorités mondiales. Les “muty” sont traqués. Des hommes tels que le procureur Strucker parlementent avec ceux qui sont arrêtés, leur exposant les peines qu’ils encourent. Les pouvoirs surnaturels et leurs manifestations sont craints comme des actes de terrorisme.

Dans la Saison 1 de The Gifted (sortie en DVD le 7 novembre, en parallèle de la diffusion télé de la Saison 2, toujours en cours), tout bascule lorsque le procureur Strucker, homme puissant, découvre que ses enfants Lauren et Andy sont en fin de compte dotés de gènes mutants. Il est contraint de fuir avec eux et avec sa femme, et de tenter de rejoindre un groupe de résistance qui entend marcher sur les traces du groupe des X-Men (disparus sous l’effet des lois) mais qui est cette fois amené à affronter l’ordre établi, au lieu d’œuvrer à ses côtés. D’autant plus que, comme souvent du côté des personnages mutants issus de chez Marvel, ces rebelles se divisent en plusieurs ensembles divergents…

Une Saison 1 distrayante et sombre

Dans The Gifted, série dont la Saison 2 est actuellement à voir sur Canal+ Séries en France, à l’heure où 2019 lance ses premiers films, les événements s’enchaînent très vite. Ce qui n’empêche pas les personnages de traverser des ambivalences, et les pouvoirs d’être utilisés de façon ludique et imaginative, comme lorsqu’un portail d’énergie envoie l’arrière d’un camion dans le repaire secret des mutants. Plaisant, d’autant plus que les effets spéciaux demeurent très sobres, et ne vont pas jusqu’au kitsch.

Série conçue pour le divertissement a priori, elle mélange quelques codes connus aux éléments issus de chez Marvel. La découverte de l’identité mutante, en début de Saison 1, ressemble ainsi un peu à une période d’adolescence : dans la famille Strucker en fuite, le frère demande conseil à la sœur. Mais si les héros sont jeunes, la photo n’en reste pas moins sombre, et les scènes avec du mouvement violentes et réalistes, offrant une action pas trop aseptisée.

Et la direction artistique apparaît réussie. Côté Saison 1, les 12 épisodes tiennent tous la route et la distance, et la progression se fait vers un climat de plus en plus émouvant, sombre, fort et prenant. D’autant plus que chaque protagoniste a plus de temps pour lui que dans un film X-Men, plus minuté…

De bons thèmes et de la force

On croise, au nombre des producteurs, le controversé Bryan Singer, connu néanmoins pour son travail, apprécié des fans, sur les premières adaptations des aventures des mutants Marvel en films. Des références au premier film X-Men (2000) s’invitent dès le premier épisode. A ce titre, quelques redondances se présentent : Turner, l’ennemi en deuil, rappelle un peu trop le général Stryker de X-Men 2. Dans le même genre, les expériences malfaisantes menées sur les mutants arrêtés apparaissent comme un thème trop rebattu. Les scènes intenses tombent parfois dans l’excès, poussant les acteurs à trop en faire, aussi.

Mais même les scènes les plus démonstratives, et les plus évidentes sur le plan émotionnel, restent bien jouées et pleines d’intérêt. Et d’autres références bienvenues savent s’inviter, tel ce clin d’oeil à Carrie au bal du diable, aux alentours du début. Même la patte de Len Wiseman, aux commandes de l’inégale saga Underworld, passe bien, dans les épisodes qu’il réalise.

Au final, les thèmes apparaissent parlants : les pouvoirs des protagonistes “permettent des miracles”, mais sont en même temps très lourds à porter. Ils sont ce que tous les jeunes envient, dans une époque où tout se montre sur les réseaux sociaux et les sites de vidéos, et où le rêve commun est de voir des super-héros exister hors des écrans, mais ils marginalisent aussi. On apprécie enfin que tout ceci se déroule dans un contexte réaliste : le rythme et les enjeux peuvent ainsi accrocher aussi l’attention du public mûr, malgré les personnages ados. Et les instants de choix cruciaux atteignent à une belle ampleur. On souhaite une bonne suite à cette production.

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Visuels : © Eliza Morse / FOX

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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