
Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient : dix ans de travail et de partage
Hier soir, à l’Institut du Monde Arabe, s’est clôturée la dixième édition du Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient. L’occasion de saluer aujourd’hui le travail de ce festival, découvreur d’images et de paroles.
Il y a dix ans, Kamal El Mahouti et Indigènes Films, en partenariat avec l’Ecran de Saint-Denis, initiaient le Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient. Hier, l’édition 2015 s’est clôturée. A l’Institut du Monde Arabe, une salle pleine a soutenu la dernière projection. Celle du film Une partie du ciel, réalisé par le marocain Abdelkader Lagtaâ. Un film, pour le moment, sans distributeur.
Si « le Panorama n’est pas un marché du film », il entend donner une visibilité aux œuvres, qui leur permet ensuite « de se retrouver dans tous les autres festivals de France » (dixit Nadia Meflah, chargée de programmation du festival). La veille, on avait par exemple pu découvrir Graffiti baladi, documentaire d’une heure dix, plein de souffle, signé par les toutes jeunes Lisa Klemenz et Leslie Villiaume. Le trajet qu’elles nous proposaient, dans l’Egypte de 2013, où artistes et amateurs exprimaient leur rage et leur tristesse grâce aux peintures de rues, ouvrait, de façon très honnête, sur des questionnements précieux. On avait été heureux de pouvoir converser avec ces deux réalisatrices. Et ce dans le cadre de la Médiathèque du centre-ville de Saint-Denis.
Aller à la rencontre des publics, afin qu’ils aient envie de s’exprimer ensuite. « Certains des débats de l’édition 2015 ont duré une heure et demie, aussi longtemps que le film projeté » (dixit Géraldine Cance, l’attachée de presse du festival). Le Panorama s’est ainsi constitué, au fil de ses années d’existence, en lieu où les films peuvent être découverts, et où la parole coule en abondance. Et il n’a jamais oublié son versant politique.
Cette dixième édition a tenté de faire connaître au plus grand nombre des éléments de patrimoine, avec, dans le cadre d’un focus sur le cinéma marocain, la présence de la Cinémathèque de Tanger, et du Centre cinématographique marocain. Tout en questionnant les temps actuels, grâce, notamment, à une table ronde : « Représentations des musulmans dans la société française ». Dont le but était de « réfléchir à comment contribuer à une meilleure connaissance pour construire ensemble des projets de société ». Au public, ensuite, de faire grandir en lui ces éléments récoltés.
On sait d’ores et déjà que deux films se sont fait connaître au festival : No land’s song, du réalisateur iranien Ayat Najafi, et Bla cinima, film algérien de Lamine Ammar-Khodja. On se souvient que Kaouther Ben Hania, réalisatrice du très récent et remarqué Challat de Tunis, avait gagné un soutien précieux grâce au Panorama 2014. Où l’un de ses courts-métrages s’était vu récompensé par un jury composé de lycéen, et par le Prix du public. Au cours d’une cérémonie pleine d’émotion (lire ici), qui avait fait la part belle à l’expression des spectateurs. On souhaite donc au festival une nouvelle décennie heureuse, et pleine de paroles.
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Visuel : l’équipe du Panorama, sur scène à l’Institut du Monde Arabe © Geoffrey Nabavian
Couverture du livre Graffiti baladi, réalisé en même temps que le film © ed. Omniscience