
Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient 2023 : des talents confirmés et révélés
La 18e édition du Festival se poursuit jusqu’au 21 mars à Paris, Saint-Denis et en Seine-Saint-Denis. Elle offre comme chaque année des avant-premières où éclatent des regards singuliers.
Jusqu’au 21 mars, le Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient 2023 continue à se tenir. Avec toujours comme centre de gravité L’Écran, le cinéma art et essai de Saint-Denis, qui accueille par exemple le dimanche 19 mars les avant-premières de La Nuit du verre d’eau, et de Dirty Difficult Dangerous. Ce dernier vient permettre de confirmer le grand talent du réalisateur Wissam Charaf, qui ausculte ici les vies d’immigrés pauvres à Beyrouth avec un ton acide sur le fil, jamais gratuit. Notre critique est à lire ici. Le même jour au sein du même lieu, un autre oeil sera posé sur le Liban, avec la projection de Toxic Hope, documentaire inédit de Salim Saab proposé dans le cadre d’un Ciné Café en entrée libre.
Ce même dimanche 19 mars, ce sont différents lieux en Seine-Saint-Denis qui accueilleront des projections. À Saint-Ouen au sein de l’Espace 1789, Le Bleu du caftan – présenté à Cannes 2022 – fera son avant-première en présence de sa réalisatrice Maryam Touzani. Au Studio d’Aubervilliers, c’est Le Destin de Youssef Chahine qui sera à revoir. Avant que le mardi 21 mars le Festival se déplace à l’Institut du Monde Arabe pour l’avant-première de La Vie me va bien, d’Al Hadi Ulad-Mohand.
C’est en revanche l’Écran qui a accueilli la projection, en avant-première également, de Nezouh, signé par la réalisatrice Soudade Kaadan. Lui fait rencontrer un talent singulier. D’autant plus qu’il prend pour point de départ un sujet peu évident : la survie d’une famille dans Damas en guerre et assiégée. Pourtant, la cinéaste traverse les différents aspects de sa thématique avec fluidité et ton aérien et pourtant très juste.
Une jeune fille et ses parents sont donc demeurés dans la ville de Syrie bombardée. Dans leur quartier, il ne reste plus grand monde à part eux. Un jour leur appartement est détruit. Cet événement triste va en fait donner l’occasion à l’héroïne et à sa mère de ne plus vivre enfermées et de quitter enfin cet espace déserté, auquel le père s’accroche.
Dans ce contexte dramatique, la réalisatrice ose des scènes qui proposent des visions oniriques subtiles et fugaces. Elle peint aussi le père par exemple avec cocasserie, le faisant nier en bloc tout ce qu’il a sous les yeux. La poésie qui s’invite dans certaines scènes n’élude pas la dureté : bien dosée, elle traduit les sentiments des protagonistes et ce qu’ils ou elles découvrent. De même, ce caractère alloué au père est là pour lui permettre de pouvoir faire entendre quelques arguments justes, au milieu de toutes les règles qu’il impose de force. Et pour en faire un personnage non unilatéral.
Le film a des images travaillées, aux couleurs éclatantes. Étant donné qu’il est bien écrit, ces teintes créent un contraste intéressant. La mise en scène ne cherche jamais à poser : les scènes font passer d’un thème à un autre à un rythme alerte, ce sont ces thématiques qui restent bien au centre, pas de l’esthétique qui prendrait toute la place. Le film évitant tout superflu et disant bien tout, ses belles images laissent le tragique transparaître tout de même. Au final, de l’humanité vraie se dégage d’elles. Le film sortira prochainement dans les salles françaises, distribué par Pyramide.
Le Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient 2023 se poursuit jusqu’au 21 mars. Informations ici.
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Visuel 1 : affiche Panorama 2023
Visuel 2 : © Pyramide Films