Sur l’île de Sao Miguel, dans les Açores, plusieurs jeunes homosexuels vivent un été dans une atmosphère suspendue, qui les amène à essayer de trouver leur place. La réalisatrice portugaise Claudia Varejao signe un film à la fois libre et maîtrisé.
Suivant des interprètes pour la plupart non professionnels, la cinéaste
Claudia Varejao peint un territoire, en cherchant en premier lieu à transmettre son essence. Ou du moins les énergies qui y tiennent place, et s’opposent volontiers…
Sur l’île de Sao Miguel, au sein de l’archipel des Açores, la religion chrétienne reste très présente. Et
ceux qui la pratiquent ont des enfants parfois homosexuels, essayant d’affirmer comme ils peuvent leurs identités, ou les cachant.
La vérité d’un sujet approchée de près
Pour peindre un été où les jeunes qu’elle suit sont amenés à se décider sur quoi faire pour vivre au mieux leurs existences, et sur s’ils doivent rester ou partir, la réalisatrice choisit une forme fragmentée. Elle passe d’un personnage à l’autre, au fil de séquences qui apparaissent écrites, non improvisées sur le vif. Cependant elle parvient, malgré cette maîtrise, à ne rien forcer, dans ces scènes. On y voit la vie s’épanouir, aller là où elle peut.
On a ainsi d’autant plus envie de suivre et connaître ceux qu’elle montre, qu’il s’agisse de la solaire, forte et calme Ana, de l’affirmé mais tout aussi en éveil Luis Filipe, ou de ceux qui sont à leurs côtés. Les scènes écrites avec le langage et les outils du cinéma ne semblent exister, dans ce long-métrage, que pour donner à rencontrer ces humanités, en profondeur. Et non pas pour les présenter pompeusement comme avec une voix-off mal sélectionnée. La réalisatrice fait les bons choix : elle se sert du cinéma pour s’aider à s’approcher de la vérité de son sujet.
Sujet engagé mais ton pas pesant
Bien entendu, son film apparaît engagé, aussi. Le poids de la religion chrétienne dans la société de l’île décrite est montré sans catastrophisme, mais sans détour non plus. À l’image d’une partie des vacances de Luis Filipe, que son père emmène faire un pèlerinage.
L’intelligence de l’atmosphère du film est de ne pourtant pas céder à la lourdeur. Un vent de fraîcheur souffle tout du long, même dans les séquences plus graves. Loup & Chien apparaît en définitive comme tissé de sensations, humaines comme minérales. Elles sont mêlées à des envies de raconter des gens via le cinéma. Le film atteint de cette manière une ampleur proche de celle de l’île à laquelle il s’intéresse.
Loup & Chien sortira
dans les salles de cinéma françaises le 8 mars 2023, distribué par
Épicentre Films. Il a été projeté dans le cadre du
Cinemed 2022, au sein de la section Panorama.
*
Visuel : © Épicentre Films