Cinema

L’imaginarium du Docteur Parnassus donne envie de retomber en enfance

13 November 2009 | PAR Yaël Hirsch

Dernier film (posthume) de Heath Ledger,”L’imaginarium du Docteur Parnassus” est une réécriture du mythe de Faust et une invitation au voyage dans l’imaginaire de personnages aussi fous qu’attachants. Quand les saltimbanques inspirent des images aussi belles, et quand Tom Waits interprète le diable, se précipiter comme des enfants pour rêver face à un grand écran est impératif!

Le docteur Parnassus (Christopher Plummer) est un vieux sage de mille ans. Mais à l’heure où Londres vit au rythme des beuveries vulgaires de l’ère du divertissement, il a du se reconvertir dans le spectacle de rue… sans grand succès, mais avec superbe, il fait jouer sa jolie fille de presque 16 ans, Valentina (Lily Cole) un nain noble qui est son second depuis toujours (Verne Troyer) et un jeune homme des rues amoureux de Valentina (Andrew Garfield) pour une foule peu réceptive. Mais derrière le numéro vieillot et les décors décrépis, ce n’est pas de l’illusion que vend la troupe : grâce aux pouvoirs du docteur, ceux qui tente l’expérience pour 5 pounds passent réellement derrière le miroir pour voyager dans leur propre imagination. Au bout de la course, ils peuvent même sauver leur âme… Or, il y a bien longtemps, Parnassus a perdu un pari avec Mr Nick alias le diable (fantastique Tom Waits au crâne roussi) : il doit lui donner le jour de son 16 e anniversaire l’âme de son premier enfant. Les jours de Valentina sont donc comptés, mais coup de chance pour Parnassus au bout de la roulotte, le diable a bien peur de s’ennuyer s’il vexe définitivement le seul être capable de continuer à jouer et parier avec lui. Il lance donc un ultime pari et remet l’âme de Valentina en jeu : celui qui gagnera 5 âmes le premier au jeu de l’imaginarium, l’emportera. Et il offre à Parnassus un nouvel acolyte, Tony, type louche et séduisant, qui a vaguement trempé dans le charity business et ses scandales (Heath Ledger, remplacé à sa mort et pour certaines scènes par Johnny Depp, Colin Farrell et Jude Law)…

Graphiquement génial et truffé de références intelligentes à des mythes qui nous parlent toujours et encore (Faust, en attendant Godot, tous les rag to riches stories du XIXe siècle anglais), “L’imaginarium du Docteur Parnassus” donne à voir le meilleur de Terry Gilliam. Cheminant allégrement entre un univers gothique à la Tim Burton et les splendeurs synthétiques du Seigneur des anneaux, Gilliam rend la misère poétique, la vie de saltimbanque réaliste, et, comme il se doit, la sagesse toute relative. Qu’Heath Ledger soit remplacé pour certaines scènes par trois autres très beaux garçons (et grands acteurs) renforce encore les ambiguïtés du personnage de Tony et la folie jamais grandiloquente du film. On s’accroche à l’écran comme un gosse, et en ressort avec le grand sourire juvénile de celui ou celle qui a mangé une grosse barbe à papa.

L’imaginarium du Docteur Parnassus, de Terry Gilliam, avec Heath Ledger,Christopher Plummer, Lily Cole, Andrew Garfield, Verne Troyer, Tom Waits, Johnny Depp, Colin Farrell et Jude Law, Frane/Canada, 2007, 2h02, sortie le 11 novembre.

Soirée au Nubia, 64 avenue Bosquet, ce soir
(A)pollonia de Warlikowski à Chaillot
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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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