
Les courts-métrages du Festival du Film slovène : des femmes entre contraintes et libertés
La seconde journée du Festival du Film slovène s’est ouverte sur un programme de courts-métrages réalisés par des femmes, qui abordent tous résolument la question féminine et les contraintes auxquelles les femmes font face. Des films divers, qui étudient tous un aspect différent de cette question.
De la difficulté d’être femme
Ces quatre films abordent la question féminine de façon franche et frontale : comment survivre dans un monde fait par les hommes et pour les hommes ? Le plus éloquent à ce sujet est sans doute Babicino seksualno zivljenje [La vie sexuelle de Mamie], de Urska Djukic, qui relate une vie de viols conjugaux. Le viol – ou sa tentative – réapparait dans Sestre [Soeurs], où trois sœurs partagent une vie volontairement calquée sur les codes masculins agressifs. Bien sûr qualifiées de lesbiennes par les garçons de la cité où elles vivent, elles sont des proies faciles pour ceux-ci.
Cette difficulté à faire et assumer ses choix quand on est femme est également au cœur de Steakhouse, film malicieux qui voit une femme s’émanciper des injonctions culinaires de son époux. Dans Otava, c’est le difficile deuil d’une jeune fille qui vient de perdre sa mère qui est interrogé.
Une diversité de supports
Ces quatre films traitent le sujet de la question féminine de façons fort diverses. Au premier rang de cette diversité, le genre : alors que Otava et Sestre sont des films à prises de vue réelles, Babicino seksualno zivljenje et Steakhouse sont des films d’animation. En dépit de la gravité des sujets abordés, le recours au dessin leur permet d’introduire une dose importante de fantaisie. Dans Babicino seksualno zivljenje en particulier, le graphisme volontairement naïf propose un très intéressant jeu d’oppositions entre une voix off qui énumère des horreurs – l’impossibilité pour la grand-mère de se soustraire au viol conjugal – et ce ce dessin aux accents enfantins, dont les gribouillages lèvent un voile pudique sur ces violences.
Quant à Otava et Sestre, ils proposent tous les deux le recours à une solidarité féminine pour survivre dans un monde d’hommes. Si, dans Otava, c’est la grand-mère de la jeune fille qui aide sa petit-fille à faire son deuil, c’est une voisine trans qui sauve in extremis l’une des trois sœurs de Sestre du viol. Où comment la sororité naît de la rencontre entre différentes formes d’exclusion.
La projection fut suivie d’une rencontre avec Kukla, réalisatrice de Sestre, animée par notre rédactrice Hannah Starman.