![[Interview] Baya Kasmi, “Je suis à vous tout de suite”](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2015/10/Baya-Kasmi-2-570x408.jpg)
[Interview] Baya Kasmi, “Je suis à vous tout de suite”
Baya Kasmi, la compagne et collaboratrice du réalisateur Michel Leclerc, nous a offert avec son premier film Je suis à vous tout de suite une joyeuse comédie iconoclaste, parlant de prostitution, d’immigration de manière assez revivifiante, avec un casting sympathiquement hétéroclite (Agnès Jaoui, Ramzy, Anémone …). Rencontre.
Quel a été le point de départ de Je suis à vous tout de suite ?
Le point de départ c’est une interrogation sur le rapport qu’a ma génération d’enfants d’immigrés sur leur identité, la question de se sentir davantage Français ou Algérien. C’est quelque chose qui agitait énormément les gens autour de moi, dans ma famille aussi on a vraiment des parcours de vie très différents, avec certains de mes frères et sœurs qui sont très portés vers l’Algérie, d’autres pas du tout. Et comme c’est assez obsessionnel dans la société française d’aujourd’hui, ce rapport-là, j’avais vraiment envie de l’explorer. Je cherchais une histoire et j’ai lu un livre de Philip Roth qui s’appelle La Contrevie et qui m’a paru vraiment limpide. Même si c’est une autre culture et un autre contexte – des Juifs américains dans les années 80 -, je me suis dit que ça se rapportait totalement aux familles maghrébines d’aujourd’hui, ça a simplifié les choses pour moi et j’ai pu écrire très facilement. Parfois on ne se rend pas compte qu’on tient une histoire ; un peu de recul est nécessaire.
La mort, la prostitution … Aimez-vous vous attaquer à des sujets tabous ?
Oui, j’adore ! (rire) Je crois que quand on écrit, on n’a qu’une envie, c’est de parler des choses dont il ne faut pas parler. C’est tout l’intérêt de l’écriture. Et puis ensuite ça fait tellement de bonnes comédies !
La gentillesse, la candeur devraient-elles être des valeurs importantes dans le contexte actuel, selon vous ?
Oui, certainement ça devrait l’être. C’est surtout qu’on en est tellement arrivé à avoir la sensation que notre monde est complètement violent et cynique et on a tellement peu de rêves communs, c’est comme si la société dans laquelle on vit n’avait pas généré de rêve de société. Les gens sont tellement désabusés que la gentillesse, la bienveillance peuvent constituer un rêve commun, en tout cas ça me semble un bon moyen de survie aujourd’hui.
Comment l’écriture s’est-elle répartie avec Michel Leclerc ?
Alors j’ai commencé avec lui alors que j’avais déjà les premiers personnages et l’idée de la névrose de la gentillesse. Une fois que j’ai écrit une dizaine de pages, j’ai lancé ce travail avec lui, et là à partir de là on est allés vraiment très vite dans un travail qu’on aime faire l’ensemble : on a écrit des scènes dialoguées, on a cherché à aller dans la vitalité de la comédie.
Propos recueillis à l’Hôtel Régent Petite France, 5 rue des Moulins, 67000 Strasbourg.
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