
Max Linder : Le roi du cinématographe enfin en DVD
Max Linder, pionnier du 7ème art est un peu tombé dans les oubliettes, les lois de la postérité étant parfois cruelles. Si une des plus grandes salles parisiennes ne portait pas son nom, il est certain que beaucoup ne s’en souviendrait pas. A l’initiative de sa fille, Maud Linder, ce grand cinéaste, véritable génie, est remis à l’honneur avec la sortie aux éditions Montparnasse d’un coffret DVD lui rendant hommage.
Né en 1883, Gabriel Leuvielle de son vrai nom, ce bordelais de parents agriculteurs est dès son plus jeune âge attiré par le théâtre. Quittant sa région natale adolescent, il monte à Paris pour réaliser son rêve de comédien au grand regret de ses parents. Recalé trois fois au Conservatoire national de Paris, il entre à L’ambigu comique et court après les cachets. Après des débuts difficiles, l’avenir lui offrira bien plus que ce qu’il n’avait jamais espéré. Repéré grâce à son immense talent et à la modernité de son jeu, il signe avec les frères Pathé en 1905. C’est le début d’une longue collaboration et d’une très belle amitié.
Signant pour 50 films par an, Max Linder devient le rendez-vous quotidien des spectateurs qui se déplacent pour suivre ses aventures. Créant un véritable personnage, Max, éternel jeune premier, séducteur et sportif hors pair, il s’échappe des codes de jeu du théâtre et tourne plus de 350 aventures hebdomadaires. Avec des films courts et efficaces, il dévoile tout son talent pour l’improvisation et le comique burlesque. Le succès populaire est au rendez-vous. Une légende est née.
A 25 ans, il est déjà scénariste, metteur en scène et acteur. Il s’impose comme l’homme le plus créatif du cinéma naissant. Celui qu’on appelle alors « Le roi du cinématographe » connaît très vite un succès mondial. D’Europe aux Etats-Unis, il voua sa vie à l’art pour lequel il était né et inspira les plus fameux comiques de Charlie Chaplin à Jacques Tati.
Aujourd’hui, la plus grande partie de son œuvre a disparu. Grâce à l’incroyable travail de recherche de sa fille, de nombreux films ont été restaurés. En trois DVD, Maud Linder a voulu rendre hommage à l’œuvre gigantesque de son père et au talent d’un homme qui fût la première vedette internationale du cinéma.
« Les débuts de Max Linder », le premier volet, contient 10 courts métrages choisis parmi la centaine de films retrouvés. Tournés entre 1910 et 1915, ils montrent à quel point, dès ses débuts, Max Linder fit preuve de modernité et de génie. « En compagnie de Max Linder » est un montage subtil de trois chefs d’œuvres américains de Max Linder, réalisé par sa fille. Le troisième volet « L’homme au chapeau de soie » est plus intime. Il retrace la vie du cinéaste au travers une sélection de séquences.
Comme une cerise sur le gâteau, un livret de 60 pages, petit album de famille illustré nous plonge au plus profond de la vie mouvementée de Max Linder. On y découvre un personnage haut en couleur, excessif et furieusement jaloux qui entraina sa jeune femme avec lui sur les pentes de la tragédie.
Le cinéma de Max Linder, Coffret dvd ou Blu-Ray, Editions Montparnasse, 35 euros, sortie le 6 novembre 2012.