![[Critique] “Que viva Eisenstein !” : voyage plaisant, à la suite du grand Elmer Bäck](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2015/07/Que-viva-Eisenstein-2-640x268.jpg)
[Critique] “Que viva Eisenstein !” : voyage plaisant, à la suite du grand Elmer Bäck
Une heure de plus. Voilà ce qui nous manque à la sortie de ce film de Peter Greenaway, au sujet passionnant, interprété par un acteur de tout premier plan. Du plaisir, mais pas assez de frissons, à la suite du maître russe Sergueï M. Eisenstein, dont on aurait aimé voir plus de facettes…
[rating=3]
Quand on voit en haut de l’affiche le nom d’Elmer Bäck… On se précipite. Car ce comédien finlandais a l’art d’être d’une justesse éblouissante (relisez notre article sur un spectacle dont il fut l’un des principaux interprètes, Conte d’amour). Dans tous les registres, du très sombre au joyeux. Alors, en Sergueï M. Eisenstein… En 1931, le maître russe est au Mexique, donc. Financé par Upton Sinclair, pour tourner un film. Dont il ne sait pas trop ce qu’il racontera… Et qui deviendra, plus tard, une somme d’images montées : Que viva Mexico ! On l’observe d’abord à la découverte de la face peu reluisante de la ville de Guanajuato. Puis en train d’apprivoiser la mort, très présente au Mexique. Sous la conduite de son guide, Palomino Caneto (joué par Luis Alberti). Une fois qu’il aura consommé – de façon très explicite – son attirance homosexuelle pour ce dernier, il n’aura plus de limites, Eisenstein. Et on le verra virevolter, respirer à fond, se déguiser en squelette, se payer la tête de ceux qui le financent, raconter le Mexique à ses amis russes… Prendre l’existence à la légère. Et essayer de vivre. On prendra du plaisir. Car la présence physique du grand Elmer soutient admirablement cette quête…
Hélas, si la mise en scène sait l’accompagner, elle le fige un peu, également. Trop de dialogues. Trop de détails historiques qui ne restent que des détails. Un peu trop de musique… Et la technique du maître Peter Greenaway, si spéciale ?… Les panoramiques ultra maîtrisés sont au rendez-vous. Les couleurs chatoyantes aussi : on a droit à une vision du Mexique, une vraie. Mais les scènes restent soit trop explicatives, soit trop légères. Et ne décollent jamais tout à fait. A l’image de ce récit de voyages, fait sur un toit, pour Caneto et sa famille : un panoramique entraînant, un montage endiablé, plein de couleurs et… pas d’apothéose. Du plaisir, mais pas de griserie… Ainsi, le rythme se fait répétitif, et le portrait nous déçoit un peu. On ne le verra jamais travailler, Eisenstein… On ne sentira pas planer les ombres du Cuirassé Potemkine ou d’Octobre… Certains aspects nous seront, volontairement, refusés. Mais restera, au final, le grand Elmer Bäck, et son regard ébranlé…
Que viva Eisenstein !, un film de Peter Greenaway. Avec Elmer Bäck, Luis Alberti, Lisa Owen, Stelio Savante, Maya Zapata. Comédie dramatique, Grande-Bretagne/Mexique. Durée : 1h45.
Visuels : © Pyramide Distribution