
Critique: Die Hard 5, belle journée pour mourir. Immense déception et grande comédie involontaire
Les Die Hard se suivent et ne se ressemblent pas. Bruce Willis se maintient mais il est difficile de définir l’identité de la série au-delà du mélange peu original de comédie et d’action. Raté de bout en bout, ce dernier opus en devient franchement comique voire passionnant si l’on s’attèle à la lourde tâche d’analyser la foultitude d’incohérences, fautes de gout et surtout les pépites de dialogues improbables. Un Razzie Award d’honneur est à prévoir.
Vous l’aurez compris, Die Hard 5 est un fiasco. Une catastrophe qui propulse le film dans la catégorie des (mauvais) direct to vidéo de Van Damme. Une horreur budgétée pour la coquette somme d’environ 100 millions de dollars et qui n’aurait jamais dû sortir en salles (on l’aurait surement apprécié un samedi tard dans nuit avec des amis dont on a un peu honte. Mais Belle journée pour mourir a été présenté comme l’évènement du début d’année grâce au nom de la franchise. Gardons ce qui est bon. Deux ou trois idées d’action grandiloquentes avec surenchère jouissive d’engins et d’explosions qui font honneur à la franchise. Et c’est à peu près tout.
Il est à la mode de donner une touche cérébrale à son blockbuster (pour le meilleur avec Nolan et Sam Mendes). Sautant sur l’occasion, les producteurs ont donc décidé de donner une profondeur au personnage de McClane. Et de parler de paternité avec un parallèle entre la relation père/enfant du gentil (Bruce Willis) et du méchant (un Russe pour revenir à la grande époque de la guerre froide). Avec un premier degré confondant puisque l’on nous indique quand même entre deux explosions dans une usine d’uranium qu’il faut savoir appeler son père ’papa’ et pardonner les erreurs du passé au son de doux violons.
Le film est donc construit selon le même schéma : une scène d’action puis une scène de dialogue ‘émouvant’ ou ‘complice’ entre papa et fiston puis une scène d’action, le tout pendant les interminables 1h30 que durent le film. Die Hard nous propose des dialogues d’anthologie, magnifiquement surréalistes et d’une certaine manière jouissifs si l’on oublie son amertume et se prend au jeu d’apprécier les délices du nanar. L’intrigue générale est du même niveau, multipliant les incohérences et les mauvais faux rebondissements tout en se croyant très fine. Pire, les scènes d’action (soit 2/3 du film) sont elles aussi souvent complètement ratées, manquant d’efficacité, de lisibilité et de panache.
Die Hard a voulu faire son Men in Black 3 en jouant sur la complicité avec le spectateur et la nostalgie mais n’en a pas la charme. Die Hard a tenté de faire son Skyfall en cherchant les origines et alliant humour et sérieux mais n’en a ni l’intelligence, ni le gout et ni la finesse. Die Hard a oublié de faire du Die Hard, c’est-à-dire une une action pétaradante scotchante, un personnage central charismatique et une bonne dose d’humour. Dommage.
Gilles Herail
Die Hard 5, un film d’action (comique) de John Moore avec Bruce Willis et Jay Courtney, 1H36, sortie le 20 février 2013