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Cannes 2023 : une sélection de l’ACID portée sur des existences face à la marche du monde

Cannes 2023 : une sélection de l’ACID portée sur des existences face à la marche du monde

19 April 2023 | PAR Geoffrey Nabavian

Les longs-métrages choisis pour composer la sélection de l’ACID, et être projetés pendant le Festival de Cannes en 2023, s’apprêtent à suivre pour la plupart des héroïnes et héros devant trouver leur place face à un monde changeant très vite et pouvant devenir dangereux.

La sélection de l’ACID – ou Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion – révèle les films choisis au final pour être accompagnés, via projections et rencontres, entre le 17 et le 26 mai. Pendant le temps du 76e Festival de Cannes, elle va mettre une lumière sur des longs-métrages de réalisatrices et réalisateurs encore émergents, et les amener à rencontrer professionnels et publics. Avec par la suite, reprise de ces films dans plusieurs villes françaises à la rentrée 2023, et aussi à l’étranger, et accompagnement des œuvres faisant partie de la sélection, dans les salles et les festivals du monde, en cheville avec les partenaires pédagogiques de l’ACID, les spectateurs adhérents et le réseau de jeunes ambassadeurs.drices.

Films sur personnages qui (se) cherchent

Cette année 2023 convoque des protagonistes qui s’attachent à résister, ou trouver leur place, dans un monde tournant vite. voit notamment le retour du réalisateur Sébastien Laudenbach : après La Jeune Fille sans mains, le nouveau long-métrage en dessin animé qu’il signe, avec Chiara Malta, s’intitule Linda veut du poulet. Il met en scène une héroïne du quotidien, une mère prête à tout pour se réconcilier avec sa fille qu’elle a puni à tort, dans un pays plongé en plein jour de grève. Un long-métrage qui sortira dans les salles de cinéma françaises distribué par Gebeka Films. Dans la sélection figure également le film du réalisateur Maxime Rappaz Laissez-moi, s’attachant à une femme vivant des rapports sans lendemains avec des hommes de passage dans un hôtel de montagne, qui voit tout à coup l’un d’eux changer son rythme de vie pour elle. Avec dans le rôle principal Jeanne Balibar. Un long qui sortira en France distribué par Eurozoom.

Les trois autres fictions retenues au final offrent un assez beau tour d’horizon international, et promettent de faire réfléchir et voyager : le duo Liana & Renaud invite dans un Liban nocturne, où pauvreté, illégalité, espoirs et humanités se mêlent, via leur film La Mer et ses vagues. Le réalisateur Ryutaro Ninomiya invite, lui, à s’attacher aux pas d’un professeur qui se pose face au temps qu’il lui reste et qui continue à passer. Pour un film qui a pour titre Dreaming in betweenEnfin, Sana Na N’Hada peint, dans Nome, le destin d’un garçon ayant combattu pendant la guerre en Guinée-Bissau, face au Portugal.

Documentaires sur des existences dans la lutte

Côté documentaires, cette année, c’est Nicolas Peduzzi qui fait son retour : après Southern Belle et surtout Ghost Song, il livre Etat limite. Un portrait du seul psychiatre exerçant encore au sein du service psychiatrie d’un hôpital public français. Un documentaire qui sortira en salles distribué par Les Alchimistes. La réalisatrice Justine Harbonnier, elle, amène à plonger dans l’existence d’une aspirante chanteuse, dans des Etats-Unis de plus en plus fous. Pour un long-métrage qui s’intitule au final Caiti Blues. Tandis que Sonia Ben Slama s’attache, en Tunisie, à une famille de musiciennes traditionnelles jouant dans les mariages, et au sein de laquelle plusieurs des filles doivent fuir leurs frères ou maris. Un film qui, lui, a pour titre Machtat. Enfin, Maciek Hamela prend le parti dans In the rearview de porter ses yeux sur les routes d’Ukraine, au sein desquelles des populations sont évacuées, via un véhicule polonais, dans lequel ils se retrouvent nombreux et commencent à se confier un peu, face à la guerre qui les frappe.

Les cinéastes sélectionneurs en 2023

On aime au final ce que ces œuvres sélectionnées promettent : des rencontres avec des identités puissantes, amenant des interrogations et du souffle à traverser l’écran. En regardant à nouveau l’affiche qui promeut la programmation de cette année 2023, signée par Xavier Lissillour, on se prend à guetter d’avance ces films comme de véritables nouvelles planètes personnelles à explorer. Avec des personnages comme des astres forts en caractère, tentant de s’intégrer dans une ronde commune. Cette sélection a été opérée par quatorze réalisatrices et réalisateurs, qui affirment avec justesse : “le refus profond du réel n’est pas de refuser mais de le prendre en pleine figure et d’en faire un autre objet, de lui résister”. A première vue, cet objectif peut parfaitement être rempli via ce que paraissent préparer ces longs-métrages. On remercie cette équipe de cinéastes programmateurs de 2023, pour les plusieurs centaines de films qu’ils ont visionnées chacun. Avec cette année donc, au sein de cette équipe, Lucas Delangle, Emmanuelle Millet, Reza Serkanian, Naruna Kaplan de Macedo, Lina Tsrimova, Patrice Chagnard, Julien Meunier, Viken Armenian, Anton Balekdjian, Théodora Barat, Marion Naccache, Idir Serghine, Laure Vermeersch et Vanina Vignal.

On souhaite notamment bonne chance, et belles rencontres, à ceux de ces longs-métrages n’ayant pas encore de distributeur associé à eux, et donc pas encore de sortie dans les salles françaises prévue.

La sélection de l’ACID, en 2023, sera montrée entre le 17 et le 26 mai, pendant le temps du Festival de Cannes.

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Visuel / Visuel Une : © Xavier Lissillour

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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