
Cannes 2023 : Occupied City, peinture des blessures d’Amsterdam qui marque
Un très long documentaire réalisé par Steve McQueen, qui peut produire ses effets chez le spectateur qui lui donne le temps.
Documentaire très long, d’une durée d’environ quatre heures, Occupied City est présenté au Festival de Cannes Hors Compétition, dans le cadre d’une Séance spéciale. Le réalisateur britannique Steve McQueen y prend le parti de filmer Amsterdam, la ville dans laquelle il habite, en évoquant lieu après lieu ce qu’elle devint alors qu’elle était occupée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
On peut estimer que cette tentative documentaire met tout d’abord un peu de temps à convaincre. On se pose tout d’abord des questions de manière un peu dubitative : Steve McQueen a-t-il raison de ne capter chaque lieu cadré que peu de temps ? de surcroît, n’aurait-il pas mieux valu nous présenter ces lieux sans laisser les bruits du monde autour, qui connotent quelque chose d’un peu trivial et commun ?
Ce parti-pris est couplé à une voix-off, qui relate pendant une grande partie du film ce que devinrent l’endroit et ses habitants juifs, assassinés tragiquement, pour une grande part d’entre eux, à cette période. De même, d’emblée, on la juge pas assez hypnotique et surtout pas assez incarnée, trop factuelle dans son ton. En prime, on pense à la durée du métrage : suffit-il simplement de faire très long et de donner une foule d’information pour amener à connaître un sujet ?
Au final, on se rend quelque peu compte qu’on a jugé trop vite. Car le film, de par ses procédés lancinants amenés et manœuvrés avec une apparente simplicité, peut en fin de compte parfaitement infuser en nous spectateur et laisser un souvenir obsédant.
S’il essaye en prime, avec un bonheur inégal, de décoller de ces faits historiques et de penser la ville à l’époque contemporaine du coronavirus – réflexion moins convaincante – il n’en reste pas moins qu’en fait, il semble s’avancer globalement vers son public sans vouloir l’impressionner à tout prix. Derrière sa fausse littéralité, on perçoit que Steve McQueen a en fait bien choisi et mûri ses procédés. Ces effets utilisés sont porteurs de réflexion, si l’on se donne un peu de temps pour les laisser venir à nous.
Le Festival de Cannes 2023 se poursuit jusqu’au 27 mai
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Visuel : Occupied City © A24