Cannes 2023, Compétition : L’Eté dernier, provocateur mais pas intelligent
Le nouveau film de Catherine Breillat ne fait pas réfléchir car il finit dans la confusion.
Anne est une avocate à la carrière réussie et au passé semé de drames. Ces derniers serviront peu au scénario, mais on les cite quand même ici. Elle a deux petites filles adoptées, qu’elle adore, et un mari qui ne sait pas choisir ses priorités, Pierre. C’est d’ailleurs pour cette raison que le fils qu’il a avec son ex-femme, Théo, cumule décrochage scolaire et entrée dans la petite délinquance. Pour que tout ça s’apaise, Théo vient vivre avec lui et sa nouvelle famille. Après quelques temps, Anne se sent attirée par lui.
Provocateur, le nouveau long-métrage de Catherine Breillat l’est assurément. La réalisatrice habituée des scandales orchestre une histoire qui veut troubler. Démarrant en étant tout de même parasité par pas mal de clichés – dans la peinture de l’ado accueilli notamment et de son comportement, et ce bien que Samuel Kircher soit très bon – le long-métrage tente de ne pas faillir et dérouler son programme voulant bousculer. Léa Drucker est excellente, Olivier Rabourdin, Clotilde Courau et même les deux jeunes actrices jouant les enfants adoptifs du couple le sont aussi.
Au final hélas le film laisse gêné. L’acte a lieu, mais en lieu et place d’un bousculement de l’ordre établi comme il en existe dans d’autres longs-métrages, qui pourrait conduire à des questionnements, c’est le n’importe quoi qui s’installe. A l’heure des remises en cause des modèles traditionnels – à l’exception de toute situation où une personne est contrainte, relevant du criminel, bien entendu – un tel cas de figure peut être interrogé, via le cinéma. Mais ici, la suite du scénario ne se montre pas intelligente. Le personnage d’Anne adopte un comportement détestable, que rien ne peut excuser. On se dit que Catherine Breillat ici part peut-être dans la démarche visant à dire au public “je suis affreuse, pardonnez-moi” qui reste une démarche médiocre par nature.
La toute fin offre une symbolique qui n’a pas non plus de sens. Et au final, ce manque de tenue et de réflexion finit par envoyer le film dans le décor du n’importe quoi , laissant le spectateur embêté face à cette cacophonie qui ne sait pas quel chemin prendre pour amener quelque part son sujet. On se dit que la trame fait au moins se souvenir que le fait d’assumer reste primordial, dans l’existence. Comme à l’image, la protagoniste devient détestable sans que rien ne justifie ça, on y pense. En tout cas, si Catherine Breillat dit quelque chose d’elle-même à travers cette héroïne centrale, cette chose n’est pas très passionnante…
Le Festival de Cannes se poursuit jusqu’au 27 mai.
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Visuel : © Pyramide Films