Cinema
<em>Boulevard du crépuscule</em> de Billy Wilder, un chef d’oeuvre du cinéma ressort en salles

Boulevard du crépuscule de Billy Wilder, un chef d’oeuvre du cinéma ressort en salles

20 December 2012 | PAR Tatiana Chadenat

Boulevard du crépuscule, le chef d’œuvre dramatique de Billy Wilder tourné en 1950 ressort en salles cette semaine. Il remporte une avalanche de récompenses à l’époque et n’a pas perdu de sa subtilité au fil du temps. Il reste aujourd’hui l’un des plus grands films du cinéma.

«Comment un pauvre type qui rêvait d’une piscine à fini par l’avoir». Ces premiers mots dictés par une voix off, montrent le cadavre flottant de Joe Gillis (William Holden), un scénariste anonyme, fauché et criblé de dettes. De ce début en flash back, Billy Wilder dresse une suite inclassable, baroque et dramatique. Le réalisateur nous ramène aux débuts de l’histoire, celle du scénariste en question qui, poursuivi par des huissiers, croise fortuitement la route de Norma Desmond (Gloria Swanson), une ancienne star du muet, mégalomane et narcissique, qui a décidé de remédier à son absence de succès par une auto starification dans les murs de sa gigantesque villa tapissée des photos de son glorieux passé. Lorsqu’elle apprend que Joe Gillis est scénariste, elle lui propose une collaboration pour écrire le film dont elle serait la vedette.

Prête à tout sacrifier pour ce rôle qui la ferait retrouver sa grandeur passée, elle s’achète le bonhomme sans-le-sou transformé en gigolo. Pris dans les filets de cette femme manipulatrice et suicidaire, il passe du statut de victime à celui de bourreau lorsque la star déchue et pathétique semble s’éprendre de lui et que lui en retour, ne reste que par vénalité. Mais Billy Wilder va bien plus loin, lorsqu’on comprend que Norma Desmond, trop attachée à l’idée de préparer son grand retour, n’aime à travers le scénariste vampirisé que le reflet de ce qu’elle pourrait redevenir.

Cette ironie exquise, cet humour noir grinçant sont poussés à leur paroxysme dans la mise en abyme extraordinaire de la véritable histoire de Gloria Swanson : ce sont ses photos que Norma contemple et c’est son film phare qu’elle visionne en boucle chez elle. Son mystérieux majordome et admirateur invétéré, n’est autre que Max Von Mayerling, réalisateur déchu des années 1920. C’est lui qui avait réalisé Queen Kelly en 1924. Il la met en scène dans ce film une dernière fois, à la toute fin, lorsqu’après avoir tué Joe Gillis – parce qu’il avait décidé de partir et qu’elle voyait dans sa fuite, s’envoler son dernier espoir de redevenir une star -, les caméras de la presse, venues filmer la meurtrière, se transforment alors en caméras hollywoodiennes sous son jeu vampirisant d’actrice schizophrène. Et le réalisateur de lui lâcher un dernier action alors qu’elle descend avec fierté les marches de sa villa, sous les regards médusés des policiers et de la presse. Une peinture saisissante et désenchantée du monde du cinéma d’une subtilité inégalée.

Boulevard du crépuscule, réalisé par Billy Wilder avec William Holden, Erich Von Stroheim, Gloria Swanson. Scénario : Charles Backett, D.M. Marshman Jr., Billy Wilder. Durée 115 min.

Distinctions et récompenses : Golden Globe du meilleur film dramatique, Oscar du meilleur scénario original, Golden Globe de la meilleure musique de film, Oscar de la meilleure direction artistique,Golden Globe du meilleur réalisateur, Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique.

Visuel : capture d’écran “Boulevard du crépuscule”, trailer.

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Tatiana Chadenat

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