[Berlinale, compétition] “Victoria” de Sebastien Schipper transforme la nuit de Berlin en thriller
Il a des faux airs de George Clooney, a joué comme acteur dans Le Patient Anglais ou pris la suite d’Helmut Berger dans la peau de Louis II de Bavière vieillissant. Sebastian Schipper est un réalisateur phare de l’école de Berlin, ville qui lui rend bien son amour puisque son quatrième long métrage, Victoria est projeté en première à la Berlinale où le film brigue un ou plusieurs Ours. Fort et majestueux dans sa mise en scène, condensé en un seul plan-séquence, Victoria est notre premier coup de sang et coup de cœur au cœur d’une très riche compétition.
[rating=4]
Dans le bruit et la fureur d’un club berlinois la jolie Victoria (Laia Costa, solaire) rencontre le charismatique Sonne (Frederick Lau). Elle est espagnole fraichement arrivée dans la capitale, il traine avec ses potes, Boxer, Blinker et Fuss. Il lui ouvre leur monde de bitume et de belles étoiles a fleur de gratte-ciels, elle l’initie au piano dans le café qu’elle tient. Ils se parlent en anglais, se plaisent mais se réservent pour plus tard le temps des effusions, car Sonne doit aider Blinker à tenir une promesse. La nuit qui aurait dû s’interrompre continue, et Victoria suit et puis conduit les trois (puis deux) amis dans une aventure aussi vibrante et folle que tragique et fatale. Le lever du jour salue la fin des courses et une violence mythique rouge du sang d’une aurore sacrifiée…
Servi par une mise en scène exaltée ou l’unique plan-séquence fonctionne comme condensateur d’urgence et où la caméra semble embarquée avec les personnages et prendre leurs points de vue en gros plan, pour donner une impression troublante de réel, Victoria est coupé et monté au rythme parfaitement calibré de sa BO parfaite. Côté photo, l’image est d’un bleuté velouté qui renvoie à la fois à la mort et à un désir fou de vie. Laia Costa fait évoluer son personnage éponyme au cœur d’une nuit plus riche que plusieurs vies entières où l’amour, la mort, le danger, la peur, la fortune, l’exaltation, le deuil et l’exaltation s’entrechoquent à un rythme si soutenu qu’il faut pourvoir suivre – émotionnellement. Il y a à la fois du Gus van Sant, du Tom Tykwer mais aussi du Alan Clarke, dans ce film à la fois onirique et social, qui est une déclaration d’amour à Berlin. Très touchant, imprégné de fureur de vivre et formellement très original, ce film risque bien de faire parler de lui au Palmarès de cette 65ème Berlinale.
Victoria, de Sebastian Schipper, avec Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski, Burak Yigit, Max Mauff, Allemagne. Angleterre, 2015. En compétition.
(c) Senator Film Verleih
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One thought on “[Berlinale, compétition] “Victoria” de Sebastien Schipper transforme la nuit de Berlin en thriller”
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Matthias Turcaud
J’avais adoré son premier film “Absolute Giganten”.