Angoulême 2021 : coup de cœur pour “Une histoire d’amour et de désir”
En compétition au Festival du film francophone d’Angoulême, le deuxième long-métrage de la réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid Une histoire d’amour et de désir est une merveille de douceur et de sensualité sur la naissance du sentiment amoureux. Un vrai coup de cœur à voir en salles dès mercredi prochain.
C’est l’histoire d’une rencontre. D’une confrontation de deux intériorités, de l’appréhension des corps. Ahmed et Farah se rencontrent à la fac alors qu’ils commencent leurs études de lettres. Lui, d’origine algérienne, a toujours vécu à Paris. Elle, tunisienne, vient tout juste d’arriver et veut connaitre la capitale, faire la fête. Les premiers regards sont déjà électriques et les premiers mots en suspens. Face-à-face fuyants mais bien réels, leurs premiers contacts sont en prime accompagnés d’un cours sur la poésie érotique arabe, un moyen d’invoquer leur identité sous toute ses formes et d’amorcer une démarche de séduction mutuelle.
Une histoire d’amour et de désir évoque en substance la sexualité dans la retenue. Tout est dans la mesure des gestes et des mots, leur signification, le courage de les prononcer. Véritable hommage à la langue, au français comme à l’arabe, le film l’utilise comme marqueur des individualités. Ahmed et Farah confrontent leurs origines et s’écoutent, s’apprennent mutuellement. Pour ce récit initiatique et sentimental, la réalisatrice Leyla Bouzid souhaitait trouver un duo avec une réelle alchimie mais surtout une actrice tunisienne pour porter cette spécificité en elle à l’écran. Zbeida Belhaj Amor tourne ici son premier film en France et crève l’écran face à Sami Outalbali – déjà vu dans la série Sex Education – lui aussi excellent.
Tous deux expriment parfaitement ce passage d’une intériorité vaste, nourrie par la lecture et l’écriture, à son expression la plus naturelle, son extériorisation en désir sincère. On y voit finalement l’attraction entre deux êtres, une attraction pudique et maladroite applicable à leur jeune âge mais pleine de sensualité et de délicatesse. Le film s’attache aussi à montrer pleinement les doutes et l’insécurité d’Ahmed face à son corps, à dépeindre un jeune homme en manque d’assurance soudainement submergé, sans pour autant manquer de le rendre désirable. Il en ressort un sentiment de profonde bienveillance, Une histoire d’amour et de désir est une sublime réalisation qui fait chaud au cœur.
Une histoire d’amour et de désir de Leyla Bouzid, avec Sami Outalbali et Zbeida Belhaj Amor. 1h43. En salles le 1er septembre 2021.
Festival du film francophone d’Angoulême du 24 au 29 août 2021. Plus d’informations ici.
© Visuel presse / image du film