Cinema
Albert Nobbs : Glenn Close jette un trouble dans le genre

Albert Nobbs : Glenn Close jette un trouble dans le genre

14 February 2012 | PAR Yaël Hirsch

En salles le 22 février, “Albert Nobbs” Rodrigo Garcia (Mother and Child, En analyse) creuse la question du passage entre les genres dans les milieux de la domesticité pauvre de l’Irlande du 19e siècle. Un film faussement transgressif, mais qui donne à Glenn Close, nominé aux Golden Globes 2012,  l’occasion d’encore nous surprendre.

Irlande 19e siècle. De moyen standing, la pension de  l’autoritaire Madame Baker (Pauline Collins ) voit évoluer côté à côte la jolie et fraîche Helen Dawes (formidable Mia Wasikowska qu’on a vue dans le dernier Gus Van Sant), le nouveau garçon à tout faire dont elle s’éprend (Aaron Johnson), des clients aussi fantasques que le très homosexuel Le vicomte Yarrell (Jonathan Rhys Meyer) et depuis plus de trente ans l’économe et secret Albert Nobbs (Glenn Close). La visite d’un peintre qui doit partager une nuit la chambre de Nobbs révèle le secret de celui qui met chaque sous de côté pour pouvoir un jour s’offrir un commerce de Tabac. En réalité, Nobbs masque depuis trente ans qu’il est … une femme.

Sorte de Gosford Park gay, Albert Nobbs part d’une excellente idée : dévoyer les codes du film très british à atmosphère domestique pour explorer le statut des femmes homosexuelles au 19e siècle en Irlande. Mais le personnage de Nobbs lui-même est trop anal et trop sec pour pouvoir créer l’empathie. Si physiquement Glenn Close nous surprend par une nouvelle métamorphose physique, et si elle fait tout ce qu’elle peut pour nous rendre Nobbs sympathique, elle demeure engoncé dans ce personnage si peu généreux. Malgré les multiples rebondissements (épidémie de peste, engrossage de la pauvre Helen Dawes par son bon à rien de jeune amant), le film traîne en longueurs. Surtout, extrêmement lourd sur le malheur des femmes qui n’auraient d’autre voie que de devenir et lesbiennes et se travestir en homme pour pouvoir éviter le statut de victime battue et violée par un mari ivrogne, “Albert Nobbs” manque son objectif. A voir pour découvrir une formidable actrice qui joue l’autre personnage trans : Janet McTeer.

Albert Nobbs, de Rodrigo Garcia, avec Glenn Close, Mia Wasikowska, Pauline Collins, Janet McTeer, Aaron Johnson, Jonathan Rhys Meyer, Grande-Bretagne/ Irlande, 2011, 1h 57min. Sortie le 22 février 2012.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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