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[Festival Architectures du rêve]”La Flûte enchantée”, en attendant le palmarès cannois, un sublime Bergman

[Festival Architectures du rêve]”La Flûte enchantée”, en attendant le palmarès cannois, un sublime Bergman

22 May 2016 | PAR Olivia Leboyer

Sarastro

Que faire, ce dimanche, pour tromper l’attente du palmarès cannois ? Assister, non pas à la clôture de Cannes, mais à la clôture du Festival Architectures du Rêves, à l’Auditorium du Louvre. Encore plus chic, non ? Et surtout pour y contempler un sublime Bergman…

[rating=5]

La Flûte enchantée de Bergman s’ouvre sur une statue puis, aussitôt après, sur le regard, un peu flottant, d’une jolie petite fille assise dans le théâtre (reconstitué) où se joue l’opéra de Mozart. La fillette semble légèrement absente mais, soudain, ses yeux accrochent un angelot peint au plafond et le déclic se produit : son attention est retenue et un sourire naît sur ses lèvres.

Une belle manière de suggérer ce que le pouvoir de la représentation apporte à la musique. Par les yeux, la magie se produit aussi. Aux plans successifs de regards, concentrés, émerveillés ou impénétrables, succède l’opéra proprement dit. Une Flûte enchantée en suédois, donc, ce qui est pour nous une curiosité. Avec une grande limpidité, Bergman filme le récit chatoyant et trouble de l’amour contrarié de Tamino et Pamina. Les deux jeunes gens s’aiment d’amour tendre depuis qu’ils ont vu leurs portraits respectifs. Mais la Reine de la nuit envoie Tamino libérer sa fille Pamina des mains de l’abominable Sarastro. Enfin, c’est ce qu’elle dit… Car, dans cet opéra, le beau Sarastro représente, en fait, la bonté et la sagesse, tandis que la mère, cette Reine de la nuit vampirique, brille d’un éclat noir. La lutte entre le soleil et les ténèbres, la célébration de l’amour évident, la réflexion sur la filiation, s’accompagnent de ce que tous les amoureux de l’œuvre retiennent le plus, au final : la joie bon enfant de ce si sympathique Papageno, en quête de sa moitié Papagena et du chant des oiseaux. La flûte, les clochettes argentées nous guident avec bienveillance à travers le chemin semé d’épreuves des vaillants amoureux.

Les couleurs, vert doux d’un côté, ocre pour le royaume de Sarastro, d’un noir glacial pour la Reine de la nuit, nous plongent dans de pures délices. Bergman a préservé le caractère artisanal de la représentation théâtrale, en filmant aussi les coulisses, non sans humour. Les animaux de carton-pâte ajoutent à ce jeu subtil entre la réalité des sentiments et le rêve d’enfant.

Un émerveillement, tout simplement !

La Flûte enchantée, d’Ingmar Bergman, Suède, 1975, 140 minutes, avec Josef Köstlinger, Elisabeth Erikson, Häkan Hagegardn Irma Urrila.

visuels: affiche et photo officielles du film.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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