
En pays cannibale : 48 heures dans la vie d’un dealer
[rating=4]
Voici un film à l’arraché qui séduit par son ambition de décrire les bas-fonds de la capitale. « A l’arraché » : comme une victoire, ou comme un vol avec violence, et non pas « à l’arrache », tant l’esthétique léchée et le très beau noir et blanc démontrent une maîtrise technique de l’image assez rare pour un premier film français tourné hors-système.
Max, petit dealer parisien plutôt beau gosse, entraîne lors de sa « tournée » une équipe de cinéma chargée d’immortaliser son quotidien, qu’on imagine sordide. Drogue, putes, et rock n’roll : c’est une galerie de portraits, avec des références évidentes, à commencer par C’est arrivé près de chez vous, Trainspotting, ou les débuts de Guy Ritchie. Le procédé du « film dans le film » peut agacer au début, mais donne lieu à quelques bons gags de mise en scène (Yoann, le preneur de son, interprété par Ivan Cori, est parfait). Si la voix-off, un peu grandiloquente, n’est pas le procédé narratif le plus propice à l’identification et laisse le spectateur plutôt à distance des angoisses existentielles de Max (très juste Axel Philippon) dues au suicide de son père, le scénario, assez linéaire, est néanmoins bien tenu. On se méfiait d’un film annoncé comme très noir et très choquant, mais la violence passe étonnement bien. L’atmosphère potache d’En pays cannibale en fait un film plus ludique que glauque et l’occasion de croiser des figures étonnantes, comme Dexter, Lady Fanta, Gros Louis, ou l’inquiétant Angelo (toujours impressionnant Jo Prestia).
Sur la vague d’un cinéma qui essaie de se monter en marge du système et de trouver le chemin des salles, “En pays cannibale” est un film à voir, car c’est sans doute de ce côté-là que le cinéma français indépendant est en train de se faire. Chapeau bas à l’équipe Alexandre Villeret (« fils de » oui, mais là, ça ne semble pas trop compter) et Aymeric de Heurtaumont, qui ont réussi un très joli coup, en écrivant, produisant et réalisant, avec peu de moyens, un film qui en a.
“En pays cannibale“, d’Alexandre Villeret, 2012, France, 1h24. Avec Axel Philippon, David Saracino, Ivan Cori, Jo Prestia, Sophie Chamoux, Dexter Dex Tao… , Takamaté films, Sortie le 26 juin 2013.
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One thought on “En pays cannibale : 48 heures dans la vie d’un dealer”
Commentaire(s)
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Bertrand
Bonjour
Je suis alle voir ce film hier
J ai hésite car fatigue, peu de temps et j avais lu des critiques exécrables
Mon amitié pour Aymeric a eu raison de mes doutes
Ce n est peut etre pas un chef d oeuvre
Mais c est un film beau et dur
Les acteurs jouent le plus souvent juste
La musique et l image sont époustouflantes
Le scenario est excellent
Parfois qques longueurs
Des redites inspires de monuments du cinéma
Beaucoup d idées intéressante
Un vrai univers riche
Je recommande vivement ce film
Allez y sans hésiter car ca mérite le grand écran
Et merde a toute l équipe
Bravo