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Dunkerque: jamais Christopher Nolan n’a frappé aussi fort

Dunkerque: jamais Christopher Nolan n’a frappé aussi fort

20 July 2017 | PAR Donia Ismail

Après un an d’attente, de longue attente, le mystère est enfin levé. La dernière réalisation du cinéaste britanno-américain Christopher Nolan, connu pour The Dark Knight et Inception, Dunkerque est à l’affiche des cinémas français depuis mercredi. Un film novateur sur la guerre qui vous promet une expérience mémorable et haletante.

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En juillet 2016, Christopher Nolan avait déposé ses valises à Dunkerque pour réaliser l’un de ses plus gros projet cinématographique: le film Dunkirk. Les Dunkerquois avaient vu alors leurs plages transformées le temps d’un tournage: bateaux de la marine britannique, avions de la Royal Air Force du temps de la Seconde Guerre mondiale et plus de 1500 figurants en uniformes de soldats. Un scénario totalement incroyable et qui annonçait la grandeur de ce qu’allait être Dunkirk un an plus tard. Jamais un film ne m’avait autant terrassé. Car si sur le papier l’idée de faire un énième film sur la Seconde Guerre mondiale n’avait pas attiser la ferveur de la foule, Nolan a réussi à choper ce truc. Oui ce truc qui fait toute la différence et qui rend le spectateur totalement accro, hypnotisé par les séquences du film.

C’est à travers un événement mythique pour l’histoire du Royaume-Uni mais pratiquement inconnu en France qu’il s’aventure dans la réalisation d’un film sur ce vaste thème de la guerre. « Comme la plupart des Britanniques, j’ai entendu parler, pendant toute mon enfance, du récit mythique de l’évacuation de Dunkerque et de la victoire arrachée de justesse », raconte-t-il, « C’est un pan très important de notre culture. C’est dans nos gènes ». En 1940, alors que les troupes allemandes avancent à vitesse grand V grâce au blitzkrieg — guerre éclaire — menée par la Wehrmacht , 400 000 soldats britanniques et français se retrouvent pris au piège à Dunkerque, sur le littoral. Ils sont condamnés alors à résister, se battre ou être capturés. Le gouvernement anglais lance alors l’opération Dynamo, qui vise à sauver les soldats britanniques en les évacuants par la mer. Cette bataille, aux allures de miracle pour le côté anglais, dure neuf jours, neuf jours que Christopher Nolan décortique avec une grande précision dans son film Dunkerque. « Ce qui s’est passé à Dunkerque, c’est l’une des plus belles histoires humaines qui soit, la course contre la montre la plus hallucinante qu’on puisse imaginer et un enjeu déterminant. En réalité, le suspense était insoutenable. », et ça dans le film on le sent parfaitement bien. Le bruit de l’horloge retentit tout le long du film. Obsédant, stressant, ce son rend fou: tic,tac, le Temps file. Chaque jour, chaque minute, chaque seconde est compté. Notre coeur bat la chamade. On est pris dans une tourbillon.

BB-Day32-0115.dngDunkerque est une réelle expérience immersive. On est sur les plages aux côtés de Tommy (Fionn Whitehead) et Alex (Harry Styles), dans les airs aux côtés des pilotes, sur les mers avec les civils. On se sent comme transporté dans une expérience qui nous dépasse et nous épuise. On ressort le souffle coupé, la bouche bée, le regard perdu, comme si nous avions combattu à leurs côtés. Pendant ces deux heures de film, il s’est passé quelque chose. L’identification aux personnages est immédiate. Nolan ne s’attarde pas sur les aspects de leur vie: on ne connait pas leur nom de famille, ni leur âges, en somme on ne connait rien d‘eux. Mais on voit à travers leurs yeux, on expérimente la guerre à travers eux. Ils sont des archétypes de soldats sans folles histoires: ce sont juste des types qui veulent survivre à tout prix. Certains plus que d’autres, c’est le cas d’Alex, qui sort assez facilement de ses gongs: « La survie n’est pas une chose juste ». Et on les comprend surtout. On comprend leur soif de survie, leur soif de rentrer chez eux, ce territoire qu’on voit depuis les plages de Dunkerque mais qui semble si loin.

Dans son obsession du moindre détails, Nolan maîtrise tout: de l’enchainement historique des événements aux simples lacets des chaussures: « Un jour, on nous a apporté nos uniformes. On les a donc mis et Christopher Nolan a remarqué que les chaussures étaient lassées en croix, ce qui ne se faisait pas du tout à l’époque. Donc tous les gens en charge des costumes ont du re-lassé plus d’un millier de chaussures » a déclaré Harry Styles à BFMTV. Et c’est ça qui fait toute la différence. Tout est réaliste chez le réalisateur britanno-américain. Alors que certains auraient préféré l’usage de fond vert, lui se paye le luxe de filmer sur les plages où s’est inscrite l’Histoire.

fionnLe casting, quant à lui, est une réussite. Aucune fausse note. On est impressionné par les débuts de Fionn Whitehead qui, à travers le regard et seulement le regard – les dialogues sont parsemés à travers le films –, communique une certaine candeur touchante, mais aussi d’Harry Styles, propulsé de la scène des plus grandes salles mondiales au champ de bataille. Des acteurs de renommés sont aussi à l‘affiche de ce film. L’interprétation de Kenneth Branagh (Le commandant Bolton) est d’une justesse et d’une sincérité immense.

Christopher Nolan nous montre la guerre d’une manière différente mais surtout novatrice: l’ennemi n’apparait pas – on l’entend certes, mais on ne le voit jamais-, les allusions au sang sont évitées. On voit la guerre à travers ses hommes qui ont combattus. Mais aussi via ceux qui ont sauvé ces hommes: ces civils qui ont bravé le danger de la Manche pour récupérer ces 300 000 hommes. Dunkerque ne relate pas seulement de façon précise l’historique d’une bataille mythique. Dunkerque est une ode à l’entraide.

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Donia Ismail

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