A l'affiche
Dans un jardin je suis entré, Avi Mograbi met en scène un voyage initiatique entre racines coupées de passé et amitié présente

Dans un jardin je suis entré, Avi Mograbi met en scène un voyage initiatique entre racines coupées de passé et amitié présente

15 June 2013 | PAR Yaël Hirsch

Le réalisateur israélien de « Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon » (1997) et de « Pour un seul de mes deux yeux » (2005) se met à nouveau en scène au cœur du Conflit, sans complaisance et sans faux-fuyant. Cette fois-ci, il n’est pas seul, mais accompagné de son ami et professeur d’Arabe avec qui il a écrit, joué et monté le film, Ali Al-Azhari.

Au début, Mograbi avait le projet de faire un film sur un de ses cousins juifs libanais, qui a erré entre Beyrouth et Tel-Aviv bien après que 1948 a rendu la navigation impossible. Persuadé que le scénario du film ne peut s’écrire en Hébreu, il retourne voir son ami et professeur d’arabe dans sa maison de Jaffa, Ali Al-Azhari. Mais quand il débarque avec ses photos de famille chez cet homme charismatique, totalement laïc, ayant vécu la Nakba, arabe-israélien entièrement animé par la cause palestinienne, porté par l’espoir du retour et de la paix, Mograbi se rend compte que le film est déjà entrain de se faire. Il « engage » donc Al-Azhari comme « associé » (il aura un droit de regrad sur tout le processus de création de film) et effectue avec lui et sa petite fille, Yasmine, elle-même de mère juive et donc bilingue, un voyage à la fois physique et symbolique vers le terrain d’où la famille d’, Ali Al-Azhari a été chassée en 1948.

Au dialogue aussi abrupt qu’amical qu’échangent le juif libanais et l’arabe israélien, Avi Mograbi ajoute un Beyrouth familial rêvé à travers la fiction parlée d’une femme juive libanaise s’accrochant à la ville où sa famille a toujours vécu jusqu’en 1948. Au très franc « Je suis dans le ghetto du ghetto » (le ghetto le plus vaste étant Israël) d’Ali correspond l’impression marquée du réalisateur israélien que les juifs arabes ont été chassés aux aussi de l’espace et du temps. « Luftmensch » traversé par la question si lourde de la culpabilité de sa propre famille dans les origines du conflit entre Israéliens et Palestiniens, Avi Mograbi déroule son film avec courage et beaucoup humour partagé dans cette amitié d’autant plus forte qu’elle est sans complaisance politique. Un film fort, juste et unique en son genre. Un film qui se déroule également à son rythme, où les mots et les langages utilisés sont aussi importants que les images et qui mérite la grande attention qu’il demande.

« Dans un jardin je suis entré », d’Avi Mograbi, avec Avi Mograbi, Ali Al-Azhari, Yasmine Al-Azhari Kadmon, France / Suisse / israel, 2012, 97 min, épicentre films, sortie le 10 juillet 2013.

Gagnez 2×2 places pour le concert de Jonathan Wilson, le 3 juillet au Café de la Danse
GUILLAUME PERRET & THE ELECTRIC EPIC, à la croisée du jazz et du grunge
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration