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[Critique] « Le talent de mes amis » : Alex Lutz réalise une comédie existentielle très maladroite.

[Critique] « Le talent de mes amis » : Alex Lutz réalise une comédie existentielle très maladroite.

09 May 2015 | PAR Gilles Herail

Alex Lutz et Bruno Sanchez, géniales Catherine et Liliane du Petit Journal, se retrouvent pour la première fois au cinéma dans une comédie dramatique existentielle qui ne trouve pas le ton juste, malgré une vraie ambition. Les intentions sont là mais les maladresses s’accumulent. Un premier essai très décevant. 

[rating=1]

Synopsis officiel: Alex et Jeff, collègues de bureau dans une multinationale, sont aussi les meilleurs amis du monde depuis le lycée. Avec leurs femmes respectives, ils forment ensemble presque une famille, qui se fraye un chemin dans la vie, tranquillement, doucement, sans grande ambition. Pourtant l’arrivée de Thibaut, conférencier et spécialiste en développement personnel, ne va pas tarder à mettre à mal leur équilibre pépère. Et pour cause, Thibaut est un ami d’enfance d’Alex. À l’époque, ces deux-là, super complexés et toujours mis à l’écart dans la cour d’école, s’étaient promis de réussir leur vie, coûte que coûte. Aujourd’hui, le beau et brillant Thibaut semble pour sa part avoir tenu sa promesse et pousse Alex à réaliser ses rêves au risque de perdre l’amitié de Jeff… Mais sommes-nous tous voués à un destin exceptionnel ?

Le talent de mes amis souhaite, dès ses premières images, développer un univers décalé, en intégrant trois pas de danse et une chorégraphie reprise par des passants sur le lieu de travail du personnage principal. L’ambition de mise en scène se retrouvera tout au long du film, sans pour autant réussir à créer une atmosphère propre. Alex Lutz tente des choses, joue sur l’imagerie, la rupture de ton entre la caricature cartoonesque et le naturalisme plus premier degré. On sent les intentions, la volonté de se démarquer du tout venant de la comédie bobo quarantenaire. Mais trop de maladresses d’écriture et d’interprétation empêchent ces efforts de porter leurs fruits. Alex Lutz veut nous parler de l’obsession de la réussite et du bonheur individuel. Cette quête de singularité, du talent qui nous rendrait unique et nous permettrait d’accéder à l’équilibre personnel parfait. Mais la morale manque de finesse et les évolutions de personnages, caricaturaux dès le départ, sont trop attendues pour émouvoir.

Le talent de mes amis se perd dans une vision ringarde du monde du travail et la parodie de l’univers des consultants en ressources humaines et coachs aux sourires Colgate tombe à l’eau. La personne aux deux personnes de Nicolas et Bruno et Riens du tout de Klapisch parlaient bien mieux du monde de l’entreprise, avec un regard à la fois juste et piquant. Alex Lutz délaisse d’ailleurs vite cette ambition “sociologique” pour se focaliser sur des portraits croisés de personnages en crise. En échouant étrangement à trouver de la complicité avec son acolyte Bruno Sanchez avec lequel il est pourtant habitué à travailler. Quelques moments surnagent mais les échappées dramatiques sont toujours trop écrites. Les scènes comiques manquent tout autant de maîtrise et les bons moments du film reposent surtout sur les épaules de la géniale Audrey Lamy, encore une fois impeccable. Le talent de mes amis laisse une impression mitigée, un sentiment de maladresse généralisée qui rend chaque scène gauche et instable. L’envie était là mais le résultat n’est clairement pas à la hauteur.

Gilles Hérail

Le talent de mes amis, un film d’Alex Lutz avec Tim Dingler et Bruno Sanchez, durée 1h38, sortie le 6 mai 2015

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One thought on “[Critique] « Le talent de mes amis » : Alex Lutz réalise une comédie existentielle très maladroite.”

Commentaire(s)

  • alicia

    Vous exprimez parfaitement ce que j’ai ressenti en voyant le film hier. Une sorte de “malaise général” à cause d’effets mal calculés. Et comme on rit peu voire pas, on se concentre sur ces défauts et ça en devient de pire en pire! Un loupé pour ce premier film, qui a dû être écrit bien trop vite à mon avis.

    May 9, 2015 at 17 h 11 min

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