
Tous Cannibales une exposition à dévorer d’urgence à la Maison Rouge
Une fois de plus La Maison Rouge fondation Antoine de Galbert organise une superbe exposition, riche, intelligente, sensible et drôle du 12 février au 15 mai.
Tous Cannibales a pour commissaire la très sympathique Jeanette Zwingenberger, elle interroge l’anthropophagie et ses représentations dans l’art plastique.
Claude Lévi-Strauss disait en 1993 dans La Repubblica « Nous sommes tous cannibales. Le moyen le plus simple d’identifier autrui à soi-même, c’est encore de le manger »
Photographies, installations, vidéos, sculptures, dessins, peintures d’artistes de la jeune génération, dialoguent avec des œuvres historiques, ouvrages illustrés du 15e siècle, textes enluminés, gravures de Goya, et objets d’Art Premier.
Peu de critiques ou de théoriciens de l’art ont osé aborder ce sujet pourtant très travaillé en arrière plan des recherches de la création actuelle comme l’atteste la présence d’artistes incontournables de la scène contemporaine dans l’exposition.
Jeanette Zwingenberger aborde la cruauté du sujet de l’anthropophagie avec délicatesse, poésie et humour nous épargnant avec intelligence les représentations Gores.
Le tout virtuel, l’avènement du clonage et la froideur de nos sociétés remettent en question l’image et la notion du corps.
Les artistes présentés portent un nouveau regard sur le corps.
Eclaté, morcelé comme dans la toile quasi vivante d’Adriana Varejâo « Branca em Carne Viva ». Recomposé de façon abstraite ou onirique dans le dessin d’un tube digestif complet illustré de bout en bout par des émotions, des moments de vie. Des petits dessins japonais illustrent avec humour des corps de femmes sous plastique comme de la viande ou vidés de leurs œufs tels des poissons.
Une sculpture violente et forte jonche le sol, corps sans tête, gras et dégoulinant. Une peau d’Homme tatoué n’est pas très loin, sans relief, sans corps.
Une tête d’homme en Emmental, un monstre spaghettis..
Une image d’homme, une femme dans les bras telle une piéta christique, les dents ensanglantées au dessus du cou de la femme tout aussi sanguinolent.
Photos, vidéos de femmes, de vierges et leurs seins parfois livrés au bébé, anthropophage malgré lui.
La Fourchette cannibale du XIXe siècle aux îles Fidji, des dessins de tribus et des gravures angoissées, de sublimes photos et vidéos, autant de belles pièces pour cette exposition passionnante et réussie.
Jeanette Zwingenberger et Antoine de Galbert peuvent être très fiers, le voyage en pays cannibale est troublant agréable ludique et drôle.
Il ose lever le voile sur un sujet tabou, refoulé aux confins de l’ethnologie, de l’histoire, de la psychanalyse, de la médecine et de la religion.
Une exposition à manger d’urgence pour en apprendre toujours plus sur le monde, les Hommes et nous-mêmes.
Après l’exposition, ne dévorez pas votre voisin, allez donc déguster un bon café, un gâteau ou un déjeuner dans le délicieux Rose Bakery Culture. Le nouveau décor d’Emilie Bonnaventure est à la hauteur du premier, simple, recherché, gai et ludique pour un moment de plaisir garanti.
Du 12 février au 15 mai 10 boulevard de la Bastille 75012 Paris tel. +33(0) 1 40 01 08 81 fax +33(0) 1 40 01 08 83
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