
Photoquai : Photos Worlwide et engagées sur le quai Branly
La troisième édition de la biennale des images du monde Photoquai se déroule jusqu’au vendredi 11 novembre inclus sur le quai Branly et dans le jardin éponyme. La balade est gratuite, les photos sont percutantes et la vue sur Seine est inégalée. Un bon plan dont il ne faut pas se priver.
La direction artistique de cette troisième édition est confiée à la photographe et réalisatrice photo Françoise Huguier. Son engagement, elle le porte en elle. Elle a huit ans, en 1951, lorsqu’elle est enlevée avec son grand frère par les indépendantistes en Indochine. Ils resteront huit mois captifs. Ses photos apparaissent à partir de 1983 dans les pages du journal « Libération ». Cette édition donne à voir des sujets de société souvent violents. Les questions de déracinement et des difficultés identitaires qui en résultent sont poignantes dans les autoportraits de Hélène Amouzou où l’on voit la photographe en voie de disparition dans une valise.

La censure et la violence sont très présentes dans cette exposition aux chiffres impressionnants : 46 photographes de 29 pays non-occidentaux, 400 photos. Les armes, les femmes bafouées, voilées se déploient en grands formats. L’indonésien Jim Abel s’amuse à empailler les symboles. Dans une tenue de prisonnier américain un homme à la tête en cigarette en fume une dernière. La prostitution nous saisit dans le travail de l’éthiopien Michael Tsegaye dans sa série en noir en blanc ” working girls”. Les filles sont montrées dans leur logement de fortune, la violence vient surtout du sourire éclatant de l’une d’entre elles sur l’un des clichés.
Les sujets sont aussi parfois légers, telles ces images de lieux dédiés aux mariages grandioses en Inde sous l’œil de Mahesh Shantaram. Photoquai permet d’offrir un nouveau regard sur la photographie internationale. Les artistes font preuves d’une créativité folle dans des pays où la censure règne en maitre. L’irakien Jamal Penjweny s’amuse par exemple de l’image de Sadam Hussein. On voit aussi jaillir l’influence de voyages en dehors du pays de résidence de l’artiste. Il y a du David Lachapelle dans l’œuvre de Maitre Siriboon. Il est né en 1983 à Ubon Ratchathani, dans la province de l’Isan, au nord-est de la Thaïlande. Il a déménagé à Bangkok à 15 ans pour étudier à l’École des beaux-arts puis à l’Université Silpakorn, dont il est sorti diplômé. Ses photos ont été plusieurs fois primées en Thaïlande et publiées dans le monde entier, notamment dans les prestigieux magazines Esquire, Elle et Wallpaper. Sa province de naissance est à la fois pauvre et emblématique pour les étrangers venant en Thaïlande. Il met en scène l’image désirée de Bangkok

Le pari de Photoquai est réussi : révéler des regards de photographes non occidentaux sur leur société. L’exposition est accessible jour et nuit, gratuitement , elle s’accompagne de rencontres, de projections et de débats. Horaires et lieux de rendez vous sur le site de Photoquai.
Photoquai complète son dispositif de mise en avant des artistes en associant des partenaires artistiques à travers la capitale : Ambassade d’Australie, École Spéciale d’Architecture, Galerie Baudoin Lebon, Galerie Clémentine de la Féronnière, Galerie In Camera, Galerie Paris-Beijing, Maison de l’Amérique Latine, Maison Européenne de la Photographie, Petit Palais, Polka Galerie et tour Eiffel.