Violently Niki, jubilatoire expo Niki de Saint Phalle au Grand Palais
Le Grand Palais ouvre le 17 septembre et jusqu’au 2 février 2015 la grande exposition autour de l’œuvre monumentale de Niki de Saint Phalle. Une plongée joyeuse, violente et captivante dans son œuvre multiple souvent trop méconnue.
Niki de Saint Phalle, ce nom résonne souvent pour les parisiens comme un lieu de rendez-vous, une fontaine réalisée avec Jean Tinguely près de Beaubourg, des couleurs, des rondeurs, de l’eau jaillissant par tous les trous humains, les enfants l’adorent, les adultes s’en amusent.
Le ton est donné dès l’affiche, Niki De Saint Phalle nous vise de face et ne nous lâche pas. Chaos, souffrance, violence, joie, rire, couleurs, féminité, la traversée de l’œuvre dont elle est l’héroïne sur trois étages est artistique et politique.
L’œuvre de Niki De Saint Phalle est riche, dès l’entrée de l’exposition sa modernité est perceptible, des tableaux d’objets, de peluches, une violence lointaine sublimée par l’art.
L’obsession est déjà là, créer encore et encore pour se libérer de ses monstres intérieurs, les dompter, le temps d’une sculpture. Niki de Saint Phalle parle aux visiteurs, des vidéos courtes donnent la sensation de voyager avec elle dans son œuvre.
Un amoncellement d’objets de plastique, poupées, peluches, têtes de mort, forme des corps de femmes immenses. Les premières sculptures, « Les accouchements » et « les mariés », sont très fortes, elles troublent loin des clichés des joyeuses « nanas » colorées très connues du grand public. La part politique de l’œuvre de Niki de Saint Phalle est mise en avant, elle veut faire de la femme une héroïne, fuir le patriarcat et proposer un matriarcat.
Une vision naïve peut-être, féministe s’il fallait la réduire, mais la place de la femme est pensée, réinventée, son corps, sa représentation dans la société, ses tabous et ses secrets.
Quelle place ont les femmes artistes encore aujourd’hui ? Les questions soulevées pas Niki de Saint Phalle ont- elles réellement changé et trouvé des réponses ?
Niki de Saint Phalle choisit l’immensité, des corps joyeux, libres, colorés, des corps à traverser comme sa sculpture « Hon » exposée à peine trois mois à Stockholm.
Des nanas, des nanas partout, la scénographie de l’exposition est très réussie, à chaque étage le visiteur pénètre une strate nouvelle de l’œuvre.
Les tableaux à la carabine ou au pistolet, plus méconnues, des toiles engagées avec des masques d’hommes politiques pour dénoncer les guerres et une œuvre qui pourrait sembler prémonitoire où des avions entre en collision avec des tours immenses.
Niki de Saint Phalle a plusieurs identités, l’exposition rend hommage à sa radicalité, une folie intérieure, la déchirure incestueuse de l’enfance apparaît partout et disparaît dans le gigantisme des sculptures offertes au grand public pour laisser apparaître la joie, transmettre du bonheur et de l’éclat partout.
200 œuvres et archives pour sentir toute la force du travail de Niki de Saint Phalle. Qui sommes nous ? Où allons-nous ? Quels rapports entretenons-nous avec nos parents ? Quels parents sommes-nous ? Quelles places ont les femmes et les hommes dans notre monde ? Choisissons-nous la joie au quotidien ? Quelle part de violence est en nous ?
Niki de Saint Phalle amoureuse du point d’interrogation, questionne le monde, chaque visiteur inventera le sien au regard du miroir aux mille facettes proposé par l’artiste.
Le merveilleux, le monstrueux, l’imaginaire, le réel, des scènes de vie familiale, des fantasmes, des formes, des couleurs, des reliefs, Niki de Saint Phalle et son œuvre très contemporaine sauront enthousiasmer les petits comme les grands.
Une exposition à voir les yeux grands ouverts, la liberté, la faille et la joie jubilatoire au corps.
Visuels :©