
Une réouverture en catimini pour les salles de peintures françaises du XVIIe siècle du musée du Louvre !
Après des années de travaux interminables, les salles du musée du Louvre consacrées à la peinture française du XVIIème siècle, au deuxième étage de l’aile Sully, sont de nouveau ouvertes au public. Fermées depuis le printemps 2011 pour être mises aux normes de sécurité et handicapées, leur ouverture avait été maintes fois repoussée. Aussi leur inauguration le 9 novembre 2016 nous a paru relever du miracle. Mais quels changements ont apporté ces cinq longues années de travaux ? Quelle vision de la peinture française du XVIIème siècle nous donne cette « nouvelle » présentation?

« Nouvelles », pas tant que ça. La distribution des salles et l’accrochage sont restés sensiblement les mêmes. D’ailleurs, si vous voulez comparer la muséographie actuelle avec celle antérieure aux travaux, rendez-vous sur le site http://www.cartelfr.louvre.fr
La salle 24 reste consacrée à la vie de saint Bruno, cycle peint par Eustache Le Sueur (1616-1655), un des plus éminents élèves de Simon Vouet, pour le couvent des Chartreux à Paris, la salle 25 à l’atticisme, courant artistique émergent dans les années 1630, qui fait référence à l’Antiquité grecque. À l’intérieur de cette dernière, deux alcôves forment les salles 26 et 27, où sont exposés, d’une part, les tableaux de cabinet, et d’autre part, les natures mortes.
La salle suivante est coupée en deux, avec d’un côté de la diagonale la salle 28, qui abrite toujours les tableaux de Georges de La Tour (1593-1652) et, de l’autre côté, la salle 29, où se trouvent les peintures des frères Le Nain, Antoine, Louis et Mathieu. Des œuvres de ces deux peintres se dégage la même atmosphère intime et sombre à la fois.
Les salles 31 et 32 sont toujours respectivement consacrées aux grands formats de Philippe de Champaigne (1602-1674) et aux bataille d’Alexandre le Grand de Charles le Brun (1619-1690). Jusque-là, rien de nouveau.
Notons toutefois que l’escalier Marengo n’a pas été exploité cette fois-ci. Par conséquent, la surface d’exposition a été réduite, ce qui a dû constituer un véritable casse-tête pour les conservateurs : Comment parvenir à caser tous ces chefs-d’œuvre de la peinture française du XVIIème siècle, tout en préservant les espaces de respiration ?
Pour le coup, cela est assez réussi. La présentation, plutôt aérée et dépouillée, met bien en valeur les œuvres.
La couleur des cimaises assure la cohérence du parcours de visite. Les salles jouent sur les teintes de gris, gris qui rappelle la pierre des murs et finissent par une explosion de couleur. Les salles 31 et 32 sont peintes respectivement en bleu-roi et dans un rouge tirant quelque peu sur le brun. Ce changement de teinte s’explique, entre autre, par la dimension des tableaux présentés. Leur gigantisme tranche avec les peintures précédentes et n’ont rien à envier aux « Noces de Cana » de Véronèse.
Leur taille si imposante nécessite une belle hauteur sous plafond. C’est pourquoi ces tableaux se trouvent dans des décaissements. Afin de pouvoir les admirer, vous n’aviez auparavant pas d’autres choix que de monter et descendre des volées de marches. Suite à la mise aux normes handicapées, des ascenseurs et des plateformes élévatrices ont été aménagés.
Mais la taille de ces tableaux n’est la seule chose à même de frapper les esprits des visiteurs. La luminosité, qui règne en ces lieux, est ce que l’on remarque en premier. Elle est le fruit des années de décrassage des verrières. Celles-ci laissent non seulement filtrer une lumière douce et blanche, mais agrandissement également l’espace.
Cela se prête magnifiquement bien à l’exposition de presque tous les tableaux. C’est particulièrement le cas pour le cycle de la vie de saint Bruno peint par Le Sueur. La présentation circulaire évoque le parcours de déambulation dans les églises, ce qui est tout à fait à propos.
Nous émettrons cependant une réserve sur la présentation des peintures de Georges de la Tour et de celles des frères le Nain. Ces tableaux plutôt intimistes bénéficient d’une palette chromatique plutôt sombre et auraient mérité d’être présentés dans un espace plus petit et moins lumineux car le contraste est assez violent actuellement avec la couleur des murs et la dimension de la salle. Néanmoins, le fait d’avoir accroché tous les tableaux de la Tour éclairés par une chandelle sur un même pan de mur est du plus bel effet.
Autre regret : la séparation plutôt floue des salles 25 à 26. Peintures mythologiques, religieuses et natures mortes se retrouvent mélanger, ce qui donne l’impression d’une présentation un peu «fourre-tout ».
Mis à part ces quelques réticences, le rafraîchissement de la muséographie est plutôt réussie. Le parcours de visite est cohérent et chaque salle invite à découvrir la suivant par un jeu de perspective. Au vue des nombreux recoins, vous pourrez sans difficulté admirer les œuvres sans être vu et sous toutes leurs coutures. D’ailleurs, les quelques 250 tableaux et leur encadrement ont été revus par les restaurateurs, ce qui représente un travail titanesque.
Afin de répondre aux exigences des normes de sécurité, des portes coupe-feu ont aussi été installées, sans que cela ne nuise pour autant à la fluidité du parcours. Au contraire, cela participe au séquençage de ce dernier.
Même si cette « nouvelle » muséographie n’est pas révolutionnaire, ce rafraîchissement s’avérait plus que nécessaire et permet de découvrir, voire de redécouvrir, un pan entier de la peinture française du XVIIème siècle. La rénovation des salles nous permet de porter un nouveau regard sur ces collections.
Prochaine étape : le rafraîchissement des salles de peintures françaises de l’aile Richelieu, qui s’étendent du Moyen Âge au XVIIème siècle. Ainsi, la boucle sera blouclée et l’ensemble des salles consacrées à la peintures françaises du deuxième étage bénéficiera d’un nouvel écrin.
Visuels sauf mention contraire : © Magali Sautreuil
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Meurgues
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