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“Guerres secrètes”, plongez au coeur des services secrets au musée de l’Armée jusqu’au 29 janvier 2017

“Guerres secrètes”, plongez au coeur des services secrets au musée de l’Armée jusqu’au 29 janvier 2017

10 January 2017 | PAR Magali Sautreuil

Depuis le mercredi 12 octobre 2016 et jusqu’au dimanche 29 janvier 2017, vous pouvez infiltrer le cœur des services de renseignement. Le musée de l’armée vous dévoile enfin les mécaniques des guerres secrètes. Cette exposition, à la fois pédagogique et ludique, saura ravir petits et grands.

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Affiche de l’exposition

S’intéresser aux rouages et aux enjeux des guerres secrètes que se livrent les différentes puissances est un exercice périlleux. Opaque et mystérieux, le monde du renseignement est source de fantasme. L’exposition ne nie pas cette part fantasmée de l’espionnage, mais la confronte à la réalité. Elle offre au public des clés de lecture afin d’appréhender la réalité complexe du renseignement. En bon agent, s’il accepte de relever le défi, le visiteur devra faire preuve de discernement pour démêler le vrai du faux.

Dans la première partie de l’exposition, vous subirez une formation intensive pour vous former aux techniques du renseignement. Vous y trouverez plusieurs manuels, dont celui du parfait saboteur, pour parfaire votre apprentissage. Vous apprendrez également à vous dissimuler aux yeux de tous, ce qui vous permettra de préserver votre anonymat et de vous fondre dans la masse, Vous serez ainsi paré pour affronter la la seconde partie de l’exposition, qui traite des modes d’action des guerres secrètes.

En entrant dans ce sanctuaire du renseignement, vous pourrez prendre connaissance de votre mission en pénétrant dans le bureau, tout de suite sur votre gauche. Considérez-le comme votre QG. Vous trouverez posées sur la gauche de ce bureau des sortes de fiches d’identité qui vous permettront de vous familiariser avec le vocabulaire des services secrets, fiches que vous retrouverez tout au long du parcours.

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Votre QG © Magali Sautreuil

Ce dernier est volontairement cloisonné. Chaque section vous donnera quelques clés de compréhension de ce monde opaque qu’est le renseignement, sans trop vous en révéler. Pour des risques évidents de contrôle de l’information, chaque agent n’est en effet informé que ce dont il a besoin de savoir pour mener sa mission à bien.

Vous pourrez néanmoins avoir un aperçu des coulisses du renseignement grâce aux 400 objets et archives déclassifiées exposés, la plupart inédits, qui émanent notamment de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure) ainsi que d’institutions publiques et privées, françaises, britanniques et allemandes.

Des murmures dans les haut-parleurs, des cimaises gris foncé, une lumière tamisée et une scénographie cloisonnée viennent accentuer le mystère qui les entoure. D’ailleurs, si les opérations secrètes nous fascinent tant, c’est sûrement en raison de leur nature confidentielle. Dès que l’une d’entre elles échoue, elle est reprise par tous les médias. Ainsi divulguée au grand public, elle met à mal ses instigateurs. Rappelez-vous donc les scandales qui suivirent la révélation de l’affaire américano-cubaine de « la baie de cochons » ou de celle du « Rainbow Warrior »…

Cette exposition vous invite donc à découvrir les grandes heures de l’espionnage et de ses opérations de propagande et d’intoxication, en temps de guerre comme en temps de paix. Des opérations clandestines peuvent être menées en temps de guerre, pour déstabiliser un ennemi, mais aussi en temps de paix, pour désamorcer un conflit naissant ou contenir les velléités d’une puissance hostile.

Ce type de pratique constitue ainsi un des modes d’action principal de nos États contemporains. Il représente un enjeu tant militaire que politique et diplomatique.

Les premiers services secrets permanents se mettent en effet en place à la fin du XIXème siècle, durant le Second Empire, à un moment où la société est bouleversée par les révolutions industrielles. Mais il faut attendre la Première Guerre mondiale (1914-1918) pour voir apparaître de réels réseaux d’espionnage. Grâce aux progrès faits en matière de codage et de transmission de l’information, ces réseaux prennent une ampleur sans précédent durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). L’action clandestine et la désinformation constituent alors les seuls moyens d’agir pour ceux qui souhaitent libérer leur pays du joug de l’ennemi. Guerres secrètes, mais aussi psychologiques, deviennent alors récurrentes en matière de stratégie militaire. Désinformation et politique de propagande sont également au cœur de la Guerre froide, qui oppose le bloc occidental aux forces soviétiques. La chute du Mur en 1991 met un terme à ces dernières. Mais ces derniers temps, il semblerait qu’une seconde Guerre froide se prépare.

La Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide tiennent donc une place essentielle dans l’exposition.

Toutefois, contrairement aux services de renseignement étatsuniens (CIA) qui a déclassé de nombreuses archives contemporaines classées « secret défense », la législation française limite l’accès et la consultation des archives postérieures à la Seconde Guerre mondiale. Cette exposition ne vous livre donc qu’une partie des secrets des services d’espionnage.

Ce manque de transparence et cette opacité du monde du renseignement ont nourri de nombreux fantasmes et ont donné naissance au mythe de l’agent secret pour qui rien n’est impossible, y compris sauver le monde (James Bond, OSS 117…). Mais la réalité est bien plus complexe et l’agent secret n’est en rien un surhomme. En temps de guerre, comme en temps de paix, il doit agir dans la clandestinité, avec la plus grande discrétion, sous le couvert de l’anonymat. Tel un acteur, il doit en effet endosser sans cesse de nouvelles identités et changer fréquemment de noms. Il faut avoir la tête bien posée sur les épaules pour ne pas perdre la raison et ne pas oublier qui on est vraiment.

De la discrétion des agents dépendent la réussite de leur mission et la qualité des renseignements obtenus. Afin qu’ils puissent agir sous couvert, les services secrets rivalisent d’inventivité pour leur équipement soit le plus discret possible : miniaturisation et camouflage des objets constituent leurs principaux axes de recherche. Des objets du quotidien peuvent ainsi se transformer en boîte aux lettres pour transmettre des messages secrets à la vue et au sus de tous. De simples valises peuvent devenir de véritable poste d’émission et de réception de messages codés.

Mais les missions des services de renseignement ne se limitent pas à la simple collecte d’informations. Afin d’aider au mieux les décideurs dans leurs choix politiques, ces données doivent être recoupées, vérifiées et analysées. « Une information qui ne précise pas la valeur de sa source doit être assimilée à un ragot » (André Manuel. « Note sur la section de renseignement », 1941).

Saurez-vous démêler le vrai du faux ? Testez vos capacités d’analyse grâce à cette exposition. Vous pourrez jouer aux agents secrets en touchant certains des objets exposés, revoir ou découvrir certains films d’espionnage dont des extraits sont diffusés, écouter des témoignages… En résumé, cette exposition pleine de vie, à la fois interactive et didactique, plaira aux petits comme aux grands.

Renseignements pratiques

Titre : « Guerres secrètes »

Exposition organisée avec le soutien de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), de l’établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense, ainsi que du CIC, grand partenaire du musée de l’armée

Lieu : Musée de l’armée, hôtel national des Invalides, 129 rue de Grenelle, esplanade des Invalides, 75007 Paris (M8 « La Tour-Maubourg », M13 « Varenne » ou RER C « Invalides »). Le musée de l’Armée comprend plus de 500000 armes, armures, pièces d’artillerie, décorations, emblèmes, peintures et plans, du Moyen Âge au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Horaires d’ouverture : Tous les jours, de 10h à 17h

Tarif d’entrée : 8.50 € pour l’exposition seule ou 12 € pour l’exposition et les collections permanentes

 

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Magali Sautreuil
Formée à l'École du Louvre, j'éprouve un amour sans bornes pour le patrimoine culturel. Curieuse de nature et véritable "touche-à-tout", je suis une passionnée qui aimerait embrasser toutes les sphères de la connaissance et toutes les facettes de la Culture. Malgré mon hyperactivité, je n'aurais jamais assez d'une vie pour tout connaître, mais je souhaite néanmoins partager mes découvertes avec vous !

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