Design

A l’origine de la publicité… au Musée des arts décoratifs

19 January 2009 | PAR Geoffroy

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« Lorsque nous avons commencé à réfléchir à l’enjeu de l’exposition, il nous est apparu très vite qu’il fallait décrypter notre processus de création. D’où vient notre vocation, notre inspiration, notre culture ? », c’est par ces mots que commence l’exposition qui se tient au musée des Arts décoratifs, du 15 janvier jusqu’au 12 avril 2009. Le musée donne les clés de 7 salles aux graphistes Antoine Audiau et Manuel Warosz dans le cadre de l’exposition « Antoine + Manuel, graphiste et designer ». Chaque quinzaine, les deux artistes offriront aux visiteurs une exposition différente.

7 salles, une exposition mais plusieurs thèmes et lieux d’inspiration : le dessin, la typographie, le graphisme objet, la chambre à coucher, la salle de mobilier et la salle dite « d’architecture d’intérieure ».

Ambiance atelier, le visiteur est, dans la première salle, d’emblée submergé par les affiches culturelles réalisées aux feutres par les deux graphistes. Bleu, rouge, jaunes, vert, les couleurs illuminent le regard sans l’agresser. Jeux de formes et de couleurs se mêlent pour faire passer un message : de la comédie de Clermont Ferrand à celle d’Anger, les affiches attirent le regard pour intéresser le passant et l’emmener vers une sorte de “rêve”.

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La Comédie de Clermont-Ferrand avril – mai, affiche, saison 2005-2006

Changement de registre dans la salle suivante, les couleurs restent mais la technique change. Après les différents types de dessin, les artistes décident de s’attaquer à la typographie. L’affiche sur le dictionnaire Larousse montre bien le travail de recherche et de mise en page destiné à faire passer un message. Cette affiche publicitaire pour le dictionnaire étymologique Larousse fait appel à la notion de généalogie sur le modèle de l’arbre. Ainsi la typographie utilisée rappelle les branches de l’arbre et l’ensemble retrace l’histoire des mots autrement dit leur étymologie. Ce système « d’arbre » est ensuite repris pour d’autres publicités : Habitat, le Centre chorégraphique national de Tours, ou encore pour la RATP avec comme inspiration le plan de métro pour élément central. Le métro tel un « arbre » qui relie les différents fruits.

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CCNT 3.3, Touche, Centre chorégraphique national de Tours, affiche, 2003

Issus de la première génération de graphistes travaillant sur ordinateur, Antoine et Manuel utilisent comme principaux outils de communication la typographie et l’illustration à partir de collages, de construction de maquettes en volume photographiées, la tache, le dessin au feutre ou le dessin vectoriel. Cette modernité, qui réussit à faire passer des émotions, a plu à Christian Lacroix, qui depuis 2002 leur a confié la réalisation des cartons d’invitation aux défilés de mode ainsi que son identité visuelle.

Le graphisme à l’état pur devient un objet de toutes formes et de toutes les couleurs dans la salle suivante. Elle surprend le visiteur par le nombre important de cartons d’invitation qui pendent au plafond. « Grâce à Christian Lacroix, nous pouvons employer des techniques de reproduction assez variées et luxueuses, parfois très traditionnelles, comme le gaufrage, ou hi-tech, comme la découpe laser. C’est une manière pour nous d’évoquer la haute-couture » expliquent-ils.

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Collection 31 Christian Lacroix haute couture automne-hiver 2002-2003, couverture pour la liste de passage, impression offset, marquage à chaud, gaufrage sur carte couchée chrome, 2002

Le graphisme peut aussi devenir un meuble à l’exemple de ce que le visiteur découvre dans la salle suivante. On y voit des meubles en kit, découpés au laser, qui sont pour les premiers de simples réalisations en volumes des planches de la salle de typographie. « La fonction réelle de la table basse La France, c’est le jeu : on peut composer soi-même son paysage comme un élu le fait avec l’aménagement du territoire. » expliquent-ils. Le but afficher ici : donner un rôle au client.

La France, table basse, Edith éditions, 2007

La France, table basse, Edith éditions, 2007

Le visiteur entre ensuite dans « la Chapelle », salle ornée d’affiches « ritualistes » de la série Gods. Affiches semblables aux images des psychologues : symétries, couleur vives, thèmes du subconscient. Au centre un cube qui fait office de sanctuaire pour cette nouvelle religion, imaginée par les deux artistes.

Cronos, série Gods, affiche, 2008

Cronos, série Gods, affiche, 2008

Cette exposition est une réelle plongée dans le monde de la création publicitaire : de l’inspiration au résultat en passant par le processus de réalisation, le visiteur comprend mieux pourquoi et comment sont réalisées les publicités qu’il côtoie.

Un bémol ? Le visiteur est parfois perdu au milieu des oeuvres laissées sans explication. C’est à lui de trouver les informations dans des fiches situées dans un coin de la salle. Impression d’égarement face à la publicité de notre temps réussie ou simple erreur de d’organisation ? Les deux artistes y décryptent leur façon de créer, de jouer avec les formes et les lettres. Ils donnent un élément de réponse à la question importante de notre société de consommation : comment réalise-t-on une publicité ?

Informations pratiques :

MUSÉES DES ARTS DÉCORATIFS, 107, rue de Rivoli – 75001 Paris – Métro : Palais-Royal, Pyramides, Tuileries, Ouverts du mardi au vendredi de 11 h à 18 h – Samedi et dimanche de 10 h à 18 h – Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h, Collections permanentes et expositions temporaires : plein tarif : 8 € – tarif réduit : 6,50 €, Téléphone : 01 44 55 57 50

 

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