Capo- Kentridge expose le souffle
William Kentridge est à Avignon, son nom est depuis plusieurs mois associé à l’affiche rouge de cette soixante-sixième édition. Il présente dans la Chapelle du Miracle une exposition en trois temps sur le souffle, qui se regarde en boucle, devenant captivante.
“Breathe”, “Disolve”, “Return” sont des façons différentes de décomposer des images. Dans la longue chapelle vide, les vidéos ont pris place dans la nef, et sous les voûtes. “Breathe” nous montre des morceaux de papiers qui pris dans le vent s’échappent en créant des visages. “Dissolve” confronte le dessin à l’eau, offrant des figures troublées, “Return” met en mouvement des sculptures qui prennent alors forme figurative.
Chaque vidéo est associée à de la musique composée par Philippe Miller à partir d’un enregistrement d’instruments qui s’accordent avec opéra et un aria chanté par Nokrismeki Sota, cet aria étant enregistré par un téléphone portable. Les sons se mêlent pour donner une ambiance optimale dans la chapelle. Sur la forme, Kentridge dessine. Le dessin est amplifié par un projecteur qui le place alors sur un mur. Tout est question de distance et de point de vue. Il faut trouver l’endroit juste.
Avant tout, cela est beau. Ensuite il faut s’attarder, respirer, dissoudre ce que l’on vient de voir et y retourner. Le rythme est celui d’une vague qui vient défaire l’image pour l’amener à ses origines dans un recommencement permanent. Les oeuvres raisonnent entre elles. Comme un clin d’œil on voit la chanteuse, au téléphone et on l’entend.
De décomposition en recomposition, Kentridge offre une belle allégorie de la fragilité du monde, renforcée par l’idée que son travail n’est à aucun moment digital.